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Vers une nouvelle guerre mondiale ?

jeudi 15 février 2024, par Jacques COTTA

Comme l’année 2023 s’était achevée, 2024 s’est ouverte au son du canon et les jours se succèdent dans une escalade très inquiétante. Du moyen-orient à l’Ukraine, à quatre heures de Paris, des centaines, des milliers de morts s’accumulent chaque jour.

Au moyen orient, l’armée israélienne continue son oeuvre dans la bande de Gaza pendant que les colons attaquent des villages et assassinent pour chasser les populations palestiniennes et étendre les colonies. La terreur semée sur ordre de la droite et extrême droite au pouvoir en Israel s’appuie sur une compréhension bienveillante de la plupart des dirigeants occidentaux qui à juste titre s’insurgeaient contre les crimes du Hamas perpétrés le 7 octobre et qui là se taisent.

Les arguments justificatifs n’ont pas de sens. Le déferlement de violence ne pourra à l’avenir que mobiliser et ressouder des bataillons de jeunes animés par l’esprit bien compréhensible de vengeance. Israel mène à sa perte et avec elle à une déstabilisation générale de cette région.

Les dirigeants occidentaux sont fous d’observer dans le silence total, ou dans le meilleur des cas dans une réprobation du bout des lèvres, d’une hypocrisie absolue, les exactions de l’état hébreu. Il suffirait d’un embargo sur les livraisons d’armes pour que la guerre cesse dans cette région du monde et qu’une solution politique soit abordée. Mais de cela pas question.

Les « grands de ce monde » sont acquis à la guerre, voilà le fond de la question.

La guerre pour la guerre, ses fondements étant en réalité secondaires. Comment croire en effet que l’opposition à l’islamisme et au terrorisme serait la cause de leur engagement lorsque les mêmes entretiennent les meilleurs rapports avec le Qatar, l’Arabie Saoudite ou autres états hautement « démocratiques » ?

La guerre pour la guerre ! En Ukraine, le déroulement des opérations et les dégâts humains sont identiques à la boucherie et aux centaines de milliers de morts de 1914.

Les dirigeants occidentaux sont là directement à la manoeuvre. Leurs discours ne cachent pas la volonté qui les anime, de mettre à genou la Russie, comme s’il s’agissait d’un pays qu’il faudrait défaire définitivement.

Outre la propagande qu’on entend quotidiennement sur les ondes, il y a les actes.

Pour la propagande, la dernière interview accordée par Vladimir Poutine, qui a fait le tour du monde sur le web, est traitée avec mépris et ignorance par les dirigeants occidentaux qui pourtant devraient y porter le plus grand intérêt s’ils recherchaient une issue diplomatique au conflit armé. Les responsabilités de Poutine dans le déclenchement du conflit sont établies et reconnues. Nous cernions déjà ce sujet il y a deux ans, lors de l’invasion de l’Ukraine en abordant les vérités qui dérangent. Les causes multiples qui ont conduit Poutine à agir de la sorte, quelles que soient ses propres responsabilités, sont niées encore et toujours. La seule issue ouverte serait pour Washington, Paris, Berlin et l’Union Européenne notamment, celle du conflit militaire, jusqu’au bout.

Pour les actes, Washington est en effet le principal soutien militaire de Kiev avec 44,5 milliards de dollars d’armements fournis depuis l’invasion russe le 24 février 2022. Mais le congrès rechigne… Trump, donné possible vainqueur aux prochaines élections de novembre crée l’incertitude. Du coup l’UE hérite du bébé.

Les 27 Etats membres ont déjà apporté 28 milliards d’euros d’aide militaire à l’Ukraine depuis l’invasion et ils apporteront 20 milliards en 2024, selon le diplomate en chef de l’UE Josep Borell.

Il faut "faire plus", a exhorté le chancelier allemand Olaf Scholz.

Du coup, certains Européens ont augmenté leurs budgets de défense. Certains, comme le président français Emmanuel Macron, ont proclamé le passage à une "économie de guerre ».

La propagande banalise la guerre qui devrait n’être qu’une « guerre conventionnelle » et non une « guerre nucléaire » , garantissant ainsi que les risques ne pèseraient que sur les populations directement concernées. Mais le protégé ukrainien est au bord de l’effondrement, et le refus de toute solution diplomatique et politique ne peut conduire qu’au pire.

Le rêve d’une guerre conventionnelle étendue à l’échelle mondiale —Chine, Iran, moyen orient… — est pure illusion. Les puissances occidentales auraient peu de chance d’en sortir victorieuses, n’ayant alors comme seule issue que la guerre totale déchainant le feu nucléaire, pour satisfaire les néoconservateurs qui dominent la politique étrangère en Occident au service du libéralisme économique, du capitalisme qui « porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ».

Jacques Cotta
Le 15 février 2024

Messages

  • Je souscris pleinement à chaque paragraphe de ce texte.
    Avec une approbation sans réserve sur le conflit Russie Ukraine . Trop peu parvienne à cette clairvoyante analyse. Sympathisant LFI, je trouve que ses dirigeants pataugent dans le marécage otanien.Approuver les livraisons d armes à l Ukraine c’est s’aligner sur l OTAN 《Mathilde Panot).Et on en revient au vote des crédits de guerre par le Parti Socialiste en 1914, et la barbarie que ça a engendré

  • Je partage l’essentiel de cette analyse considérant depuis les années 80 que la formule de Lénine "l’impérialisme est le stade suprême du capitalisme" doit être couronnée par celle-ci dans les conditions d’extrême pourrissement oligarchique qui sont celles du capitalisme moderne : l’exterminisme est le stade suprême du capitalisme impérialiste moderne. Cela signifie que le capitalisme est devenu sur tous les plans, pas seulement militaire, incompatible avec la survie de l’humanité et, a fortiori avec celles de la démocratie, des souverainetés nationales, des conquêtes sociales, des "lumières", etc.
    Conclusion : la formule de Fidel Castro est anthropologiquement fondée : la ,(les) patrie(s) ou la mort, le socialisme ou mourir". Une course au finish est engagée entre ce système mortifère et les forces révolutionnaires de notre temps qui partent avec un gros handicap vu la manière dont elles s’autodetruisent méthodiquement depuis les années 1980. La "gauche" qui soutient l’UE-OTAN est donc objectivement social-exterministe, sociale en paroles, exterministe en fait.
    Georges Gastaud

  • vers une nouvelle guerre mondiale ?
    La guerre est l’aboutissement du capitalisme : Par sa célèbre phrase , Jean Jaurès le démontre.
    Je partage pleinement le texte de Georges Gastaud

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