Sans revenir sur l’épisode des élections « européennes », ni sur le premier tour des élections législatives françaises du 30 juin et la décision de Jupiter de dissoudre l’Assemblée Nationale-car les commentaires et les scénarii ont été foisonnants-, penchons-nous plutôt sur les divers sondages annonçant allègrement les résultats du deuxième tour de ces législatives qui doivent avoir lieu le 7 juillet 2024.
On connait la valeur de ces « sondages », d’autant que nul ne peut prédire dans quelles mesures les électeurs obéiront aux diverses consignes de désistements ordonnées par les appareils politiciens de Paris, car jusqu’à nouvel ordre, le vote est parait-il « libre ».
Pour faire une sorte de moyenne arithmétique de ces « sondages », nous pourrions très arbitrairement planter le décor suivant, au soir du 7 juillet :
RN et alliés :198 sièges.
NFP :185 sièges.
Extrême- centre :114 sièges. -
LR : 50 sièges.
Autres : 30 sièges.
Ceci pour arriver au total des sièges de l’Assemblée Nationale, constituée aujourd’hui de 577 députés.
On voit immédiatement qu’aucune majorité absolue (289 voix) n’est atteinte par aucun parti ou coalition de partis. Il manque -dans notre simulation-91 voix au RN et à ses alliés, 104 au NFP, et toute majorité absolue est hors de portée des macronistes. Ceci malgré les tripatouillages des circonscriptions, et l’essence antidémocratique du scrutin uninominal majoritaire à deux tours.
La seule solution envisageable -écartons de suite les propositions fantaisistes telles l’application de l’article 16, ou un gouvernement « technique » prétendument « apolitique » - c’est donc une « coalition » type « union sacrée, puisque le Président ne peut plus dissoudre l’Assemblée pendant un an.
Or, qui peut constituer cette « coalition » ?
On voit que tout est possible entre certaines forces d’Ensemble, du NFP et des divers autres groupes, à la seule exception du RN, qui à part la réduction sensible du taux d’abstention, ou la désobéissance des électeurs aux consignes de désistements, n’a aucun moyen d’accroitre son score.
Mais il manque 175 voix à l’extrême-centre pour prétendre à la majorité absolue... Et c’est là qu’intervient l’opération Glucksmann !
En effet, vu les divisions du bloc NFP, les tiraillements de LR et les positions sans grands principes des « divers gauche » et autres « divers- droite », toutes les combinaisons dignes de la pire des IVe République sont possibles. Ainsi, la Ve République finirait dans les mêmes manipulations antidémocratiques que sa prédécesseure !
Une seule condition pour cela : trouver un futur premier-ministre qui serait assez opportuniste, assez sans principe, assez cynique et assez inconséquent, pour à la fois trahir les électeurs et satisfaire le MEDEf et le CAC 40 qui veillent au grain ! Et tout cela sous couvert de se prétendre le seul « barrage » à « l’extrême-droite », avec, bien sûr, la complicité des « partis de gouvernement ».
Un homme incarne cette équation : M Glucksmann !
Il est béa-européiste, il est atlantiste, il est viscéralement antirusse, il est jusqu’au- boutiste sur la guerre en Ukraine, il est social-démocrate (ou plutôt social-libéral) donc prêt à trahir les classes populaires-son action en Géorgie est déjà connue, et cela promet de ses prestations en France -, lui qui aime mieux New-York qu’Amiens, il est donc Macron-compatible et MEDEF-CAC 40-compatible !
Il coche toutes les cases pour incarner ce premier-ministre dont Macron a besoin.
Il incarne ce dicton d’antan : « Je suis oiseau voyez mes ailes, je suis souri vivent les rats ! ». Il peut convaincre certains députés LR vu son innocuité pour le patronat, il peut bien sur convaincre les ailes droites du PS et des Verts, sinon du PC, qui n’en seront pas à une compromission prés, il peut faire des « prises de guerre » chez les « divers » et les « modérément républicains », et bien entendu il peut être l’homme sans principe de la macronie.
Il peut donc-missionné par Macron et le MEDEF- fédérer 175 à 180 députés pour « sauver la France de l’extrême-droite » !
Voilà l’opération Glucksmann ! Notons que cette « mission » peut très bien aussi être réalisée par d’autres personnages que Glucksmann, mais avec d’autres paramètres, tous aussi peu respectueux du vote des français ! Elles seront toutes méprisables et misérables !
On entrevoit alors la solidité de ce NFP – plus un accord électoral, comme la NUPES de 2022, qu’un véritable programme de transformation sociale- !
On devine aussi l’immense déception de celles et ceux qui se faisaient encore des illusions lyriques -pour la cinquième fois en quarante ans, après Mitterrand-Rocard-Jospin et Hollande-sur cette « gauche » de collaboration de classes plutôt que de transformation politique et sociale !
Que sortira-t-il de cette tambouille politicienne ? Le bloc bourgeois compradore, apatride et traitre à la Nation française espère-t-il prolonger son règne avec ces artifices politiciens ?
Il ne réussira- mais c’est aussi son objectif en cas de faillite et de chaos macroniens- qu’à faire le lit du RN pour 2027 !
Encore une fois, le peuple français ne devra compter que sur lui-même pour renvoyer tout ce beau monde à la maison et refonder une authentique démocratie sociale et politique qui passe par une crise d e régime et une révolution politique et sociale, ou -comme le disait Jaurès- une « évolution révolutionnaire » !
Jean-Michel Toulouse
4 juillet 2024-