C’est avec une certaine délectation que les médias donnent écho aux manifestations de jeunes contre la dégradation du climat. Tant mieux ! Les mêmes médias ne cessent de discréditer les Gilets jaunes, et de désinformer sur la mobilisation sociale qui perdure depuis plus de trois mois, tant pis ! Alors que les préoccupations environnementales sont traitées avec bienveillance, le mouvement social qui mobilise ouvriers, salariés, travailleurs indépendants et petits patrons, artisans, jeunes et retraités, bref, une majorité issue d’horizons divers est méprisé et calomnié, au point de voir une violence jusque là inédite se répéter.
L’opération est aussi provocante que grossière.
La Gauche aux commandes
Macronistes, militants ou sympathisants de la gauche bien pensante, supporters de ce gouvernement à la solde de l’oligarchie et de l’UE, mènent la danse. Ils ne se privent pas pour approuver et féliciter le combat contre le réchauffement climatique tout en condamnant vertement cette France d’en bas qui des ronds points et carrefours prend possession des centres villes tous les samedis.
Un tournant a été franchi ce 16 mars pour l’acte XVIII de la mobilisation sociale. Alors que des milliers de Gilets jaunes -et non de simples casseurs comme s’est empressé de le dire le ministre Castaner, peut-être entre deux shots de Vodka- alors que des milliers de Gilets jaunes donc manifestaient sur les Champs Elysées au cri de « Macron démission » ou encore « on ne lâche rien », un cortège « climatique » a fait son apparition place de l’étoile. Sous une première banderole, les verts, Cécile Duflot en tête, attaquant vertement le réchauffement (sic), sans pour autant provoquer le moindre refroidissement. Et en queue de cortège, surprise, La France Insoumise, forte de 300 manifestants environ, sous sa banderole, tenue à un bout par la tête de liste aux européennes, Manon Aubry, à l’autre par son second de liste Manuel Bompard. La banderole, lettres blanches sur fond bleu, en pleine journée de la mobilisation sociale des Gilets jaunes indiquait : « Face à l’urgence climatique, la planification écologique ».
Ainsi donc c’est bien « d’urgence » que la gauche et la FI venaient parler ce samedi 16 mars. Mais pas de celle que revendiquent les milliers de Gilets jaunes présents, sous les gaz lacrymogènes et les grenades de « désencerclement ». Le symbole est lourd de signification. Il indique qu’entre les salariés, jeunes, retraités, travailleurs indépendants, ouvriers et autres qui ont revêtu le gilet, dans les faits, pour le pouvoir d’achat, la justice sociale, « le droit de vivre et non de survivre », et les « écolos » avec qui ils sont en compétition aux européennes, les leaders de la FI ont fait leur choix. Evidemment toutes les justifications ont cours. « Sans planète, pas de vie » disent les uns. Vrai, mais avec planète sans moyen minimum, c’est la misère, la mort. D’autres insistent sur la présence de Bompard sur les plateaux de télévision « qui parle des Gilets jaunes ». Vrai aussi même s’il s’empresse de souligner que la journée, « c’était aussi la mobilisation sur le climat » histoire se recentrer sur sa priorité.
« Parole, parole » dit la chanson…
« C’est dans l’action, à l’épreuve du feu qu’on peut percevoir la sincérité et le sérieux » répond l’expérience…
Alors pourquoi une telle orientation si lamentable, si extérieure aux véritables préoccupations du peuple français ? De la part du pouvoir, la tentative de faire diversion est évidente. Tout ayant échoué jusque là, mépris, calomnies, mensonges, violences, grand blabla… ça ne coûte pas cher d’essayer le climat. La manoeuvre est grossière.
Mais de la part des prétendus opposants à Macron, dont la FI ? La rupture consommée avec le peuple, avec lequel pourtant Mélenchon avait su renouer aux élections présidentielles, est sans doute une explication. La FI en cherchant « le leadership de la gauche » s’est marginalisée, au point de devenir à terme la force d’appoint des verts, des socialistes ou autres hammonistes, sans même le réaliser…
La dépolitisation rend-elle stupide à ce point ?
Le climat, parlons-en !
Le réchauffement climatique a pour cause la crise du capitalisme qui détruit tout pour tenter de maintenir le taux de profit et les privilèges d’une oligarchie qui agit sans vergogne. Le capitalisme détruit la nature, détruit la production, détruit le travail, détruit les travailleurs.
Que des manifestants, et notamment des jeunes qui manifestent pour la première fois, réagissent d’abord contre les effets -la question climatique en soi- est bien naturel. Mais que les « commentateurs avertis », les « responsables politiques », les militants et élus divers en restent là, cela relève soit de la bêtise, soit de l’escroquerie et du mensonge, soit de tout cela à la fois.
Ils sont sur le climat comme ils ont été pour certains sur la santé, le cancer par exemple. Beaucoup, lorsque c’était la mode, manifestaient contre cette maladie. « Le crabe » a dû se sentir menacé n’est-ce pas. Au moins autant que les différents pouvoirs dégagés ainsi de leurs propres responsabilités, notamment budgétaires pour les hôpitaux, la recherche, l’embauche de fonctionnaires, les personnels de santé. Ils donnent leur inconsistance et leur complicité avec le système qui organise la misère sociale contre laquelle les Gilets jaunes notamment sont dans la rue. Ils préfèrent en fait les « restaus du coeur » ou les concerts des « enfoirés » pour organiser l’assistance en déplorant les effets plutôt que le combat pour attaquer les causes. Car les causes, dés lors que quelques sièges sont à lorgner, ils s’en moquent, voila la réalité, au risque de paraitre à la traine les uns des autres de façon pitoyable, lamentable.
Ils préfèrent ainsi instrumentaliser des milliers de jeunes qui manifestent pour la première fois, une fleur à la main, plutôt que de poser les véritable problèmes.
Le climat, la pollution, le réchauffement ? Et si on parlait des avions qui sillonnent le ciel par milliers chaque jour ? Et si on parlait des portes containers qui parcourent les océans par milliers chaque jour ? Et si on évoquait les concentrations absurdes qui au nom du moindre coût et donc du maximum de profits se situent en des points éloignés du monde, créant misère, sous emplois et chômage ici ? Et si on indiquait que ce beau monde n’a d’autre programme entre autre que la liquidation définitive du monde paysan -de ce qu’il en reste- au nom de la suppression de tout élevage « polluant » comme chacun sait, alors qu’au contraire l’élevage est un des moyens incontournable pour maintenir l’équilibre et le bien-être de la nature ? Et si on parlait tout simplement du capitalisme source de la destruction de la planète, du travail, des travailleurs, de la vie, au nom des profits ? Et si alors on expliquait que la meilleure des manifestations contre la destruction de la planète est celle qui désigne les responsables, en l’occurence Macron et son gouvernement à la solde de l’UE, qui appliquent les directives lorsqu’ils ne les devancent pas, qui entérinent l’OMC, le GATT et autres déréglementations dans le seul souci de servir leurs donneurs d’ordre qui les ont mis au pouvoir. La conséquence le 16 mars aurait alors été de prendre une autre direction. Comme l’indiquaient des gilets jaunes présents, « Macron est à l’Elysée pas à l’opéra ».
Mais non évidemment. Regardez ces Gilets jaunes et comparez les à ces « manifestants » d’occasion qui s’imaginent propres sur eux, venus de la gauche, qui préfèrent disserter sur la misère écologique sur les terrasses de café -dont le chauffage extérieur est source de pollution perceptible, mais n’en parlons pas, cela pourrait perturber le confort et le bien être de nos moralistes climatiques- d’élections européennes dans des institutions qui terrassent la justice sociale. Regardez et comparez…. S’il faut choisir, mon choix est fait !
« Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt » dit le proverbe. Dans leur grande masse, nos concitoyens ne sont pas dupes et tournent le regard dans la bonne direction…
Ils savent que : "Fin du Monde, fin de mois, mêmes responsables, même combat » !