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Tsipras : magnifique salaud

samedi 13 janvier 2018, par LA SOCIALE

Nous avons décidé de publier le papier de Joël Périchaud, secrétaire national du Pardem, qui quelques années aprés l’intervention de la Troïka en Grèce permet de faire le point sur Syriza et son chef Alexis Tsipras dont les dernières initiatives à l’attention du SPD allemand illustre s’il en était besoin l’impasse dans laquelle "la gauche de la gauche" a entrainé le peuple grec...

par Joël Perichaud, secrétaire national du Parti de la démondialisation chargé des relations internationales

Pour ceux qui l’ont soutenu longtemps (très et trop), Alexis Tsipras est un boulet. On croit qu’il a touché le fond, mais le bougre a encore de la ressource. Cette fois, le Premier ministre grec (que les médias étiquettent « gauche radicale ») vient d’envoyer un extraordinaire texto de soutien au chef du SPD allemand, Martin Schulz.

Mais avant d’en apprécier la teneur et la saveur, il faut rappeler que Syriza est arrivé au pouvoir (en gagnant les élections de janvier 2015) en promettant au peuple grec de mettre fin à l’austérité tout en précisant que la Grèce resterait dans l’Union européenne et l’euro par tous les moyens. Une contradiction absolue avec sa promesse de jours meilleurs.

Après six mois de pseudo-négociations avec la Troïka (UE, BCE, FMI), Tsipras acceptait officiellement de passer sous les fourches caudines de Bruxelles. Les mesures visant à saigner les Grecs allaient être prises immédiatement. Pourtant, il organisait (début juillet 2015) un référendum sur le renforcement des coupes sociales et économiques massives que la Troïka voulait imposer. Le peuple grec votait massivement NON (OXI) que Tsipras, imitant ses maîtres Français, Hollandais ou Irlandais, allait transformer en OUI...

Quelques semaines plus tard, Tsipras signe avec la Troïka et l’UE un nouveau mémorandum qui impose une austérité inégalée : les coupes sur les salaires, les retraites, la santé et les minimas sociaux sont d’une ampleur jamais vue en Europe en temps de paix. Privatisations, dérèglementations, casse du code du travail sont programmées.

En décembre dernier, les « partenaires » européens qui dépouillent la Grèce ont obtenu la privatisation (après celle du port du Pirée et celle des aéroports) de quatre centrales du service public d’électricité.

C’est dans ce contexte qu’il faut savourer le texto de Tsipras à son ami Martin Schulz, social-démocrate, pour l’implorer « dans cette phase décisive pour l’UE », d’accepter d’entrer à nouveau dans une grande coalition dirigée par Angela Merkel…

Le SPD avait pourtant exclu cette hypothèse le 24 septembre, tant la gifle que lui ont infligée les électeurs fut retentissante. Pas question, pour les sociaux-démocrates, de prolonger une expérience qui pourrait devenir suicidaire. Mais l’échec des négociations entre le parti de Merkel-la-chancelière, les Verts et les Libéraux paralyse la politique allemande, et plonge les dirigeants européens dans l’inquiétude et la fébrilité. Du coup, M. Schulz avoue recevoir de nombreux messages demandant au SPD de rempiler avec les conservateurs. Emmanuel Macron n’est pas le dernier...

Mais le plus soumis et le plus pathétique est Alexis Tsipras. C’est vrai qu’il est coutumier du fait... Pour Tsipras et consorts, la reconduction de la grande coalition allemande est « une condition indispensable aux réformes progressistes nécessaires et à la démocratisation de l’Europe ». Car, poursuit-il, il y a une chance « de mettre sur la table de l’Europe un agenda progressiste »permettant de sauver cette dernière.

Pour le champion de la « gauche radicale », une grande coalition allemande est la « condition indispensable aux réformes progressistes nécessaires et à la démocratisation de l’Europe ».

On croit rêver... le sauvetage « progressiste » de l’Europe a la priorité sur tout et passe par la reconduction d’Angela Merkel à la tête d’une coalition analogue à celle qui fait tant de mal depuis 2013... Tsipras estime même qu’ « une véritable position de gauche consiste à s’engager pour des vrais changements et réformes, et non de garder propre son identité ». De quoi faire plaisir à la « gauche de gauche » française qui soutien toujours son « héros ».

Tsipras, le meilleur élève de l’UE et de la Troïka portait déjà fièrement le bonnet d’âne... Il peut aujourd’hui changer de coiffure... le casque à pointe convient mieux à la panoplie du salaud.

De quoi souhaiter aux peuples d’Europe une bonne année 2018 de luttes et de victoires !