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La résistible ascension de Matteo Salvini

Après les régionales en Emilie-Romagne et en Calabre

mardi 28 janvier 2020, par Denis COLLIN

Les résultats des élections régionales en Émilie-Romagne et en Calabre qui se sont tenues le dimanche 26 janvier 2020 sont loin d’être clairs. Ce qui frappe, évidemment, c’est la première défaite de Matteo Salvini qui se préparait à engager la bataille pour des élections législatives anticipées en cas de victoire dans la « forteresse rouge » qu’est l’Émilie-Romagne.

La mobilisation des électeurs — sans à la suite de l’action des « Sardines », ces citoyens, surtout jeunes, qui ont tenu de grandes manifestations pour faire barrage à Salvini — et la bonne réputation du chef du centre gauche dans cette région, le PDiste, Stefano Bonaccini sont pour beaucoup dans ce résultat. Le PD vient de perdre l’Ombrie, au profit de la droite menée par la Lega principalement parce que le chef PDiste de cette région était trempé jusqu’au cou dans des affaires de corruption.

D’un autre côté, bien que le Premier ministre Conte se présente maintenant comme le leader d’un « front uni contre la droite », le M5S est au plus bas. De toute son histoire, il n’a jamais obtenu un aussi mauvais résultat électoral, tant en Émilie-Romagne qu’en Calabre, alors que Sud de l’Italie était jusqu’à présent sa place forte. Immédiatement, les leaders du PD et le petit Macron local, Renzi, en ont tiré les leçons : il faut modifier les équilibres au sein du gouvernement et abandonner les propositions des cinquestellistes, notamment la fin de la concession à Autostrade (groupe Benetton) et le retour des autoroutes sous le contrôle de l’État. Romano Prodi, l’œil de Bruxelles à Rome, recommande purement et simplement la fin des « partis à cartes », pour on ne sait quelle nouvelle forme d’organisation politique qui, n’en doutons pas, donnera plus de latitude à la caste européiste qui s’est emparée de la carcasse du PCI pour en faire ce monstre qu’est le PD.

Enfin, la Lega est nettement le premier parti à droite et sans doute le premier parti d’Italie. Forza Italia, le parti de Berlusconi, est réduit à presque rien et la colonne vertébrale de la droite est formée par la Lega et Fratelli d’Italia, l’héritier du MSI mussoliniste (qui a cependant mis beaucoup d’eau dans son vin et ne peut guère être caractérisé comme « néofasciste »). Cette droite peut apparaître comme une alternative sérieuse, d’autant que le ralliement bruyant de Salvini à l’UE et l’euro lui ouvre largement les portes des soutiens patronaux.

Bref, si le PD semble avoir stoppé (provisoirement ?) sa chute, rien n’est réglé. Bien au contraire. Le condominio droite-gauche continue d’asphyxier l’Italie. Il n’y a plus aucun parti ouvrier en lice et aucun même parti véritablement patriotique. Tout est à construire, mais le champ est occupé par les décombres d’une classe politique ou la corruption se mêle si souvent à l’abjection. Les prochains mois avec des élections en rafale apporteront de nouveaux éléments : législatives partielles, référendum constitutionnel, élections régionales, Vénétie, Toscane, Ligurie, Marches, Campanie, Pouilles, et plus d’un millier de maires. Broyé dans l’étau « droite-gauche », il n’est pas certain que le peuple italien trouve son bien dans ces péripéties électorales.

Le 28 janvier 2020 — Denis Collin

Messages

  • Bonjour,
    cette "victoire" des adversaires de Salvini,dont le programme réel est élaboré par la Commission de Bruxelles (austérité à tous les étages) et reste (pour combien de temps encore ?) bien dissimulé derrière un "anti-fascisme" de pacotille se résumant à un slogan "Tous contre Salvini" qui satisfait d’abord l’Oligarchie.
    À un moment les classes populaires italiennes vont bien se rendre compte que "l’anti-fascisme" des "sardines" ne suffit pas à "remplir l’assiette".
    L’austérité comme seul horizon va malheureusement rendre Salvini encore plus désirable aux yeux des gens modestes, comme Le Pen chez nous.
    Ces deux pourraient en désespoir de cause arriver démocratiquement au Pouvoir bien qu’ils ne soient que deux imposteurs refusant de sortir du carcan de l’UE et de ses traités ultra-libéraux,cause principale de nos difficultés.

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