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FNSEA, au diable l’hypocrisie !

jeudi 20 août 2020, par Jean-Louis ERNIS

Retenue collinaire. Source : Wikipédia

Mardi 11 août au matin, France Inter reçoit la patronne de la FNSEA dans le cadre du « Grand entretien ».
Le sujet traité porte bien évidemment sur la canicule et la sécheresse.
La lobbyiste agricole en profite pour enfoncer le clou de l’affaire des retenues d’eau recevant l’appellation de retenues collinaires, en fait, la construction de lacs artificiels pour arroser les cultures en temps de sécheresse. Pour cela elle donne l’exemple de l’Espagne, en évitant de préciser que là où ça a été fait, dans le sud de la péninsule ibérique, les retenues d’eau sont alimentées par pompage des rivières, ce qui a pour conséquence d’assécher les cours d’eau.
Rappelons que le principe des « retenues collinaires » est de se limiter à recueillir les eaux de surface et les eaux de ruissellement.
Mais, qui peut croire que cela suffise à remplir ces bassins ?
D’où la tentation de se raccorder aux cours d’eau !!!
Opportunément, intervint un auditeur du sud-Ouest, le pays du foie gras. Il précisa que pour produire du foie gras, les oies et les canards doivent obligatoirement être nourris et gavés au maïs.
La discussion du « pour ou contre » la culture du maïs s’engage.
Tout d’abord, sommes-nous sûrs (exceptés ceux estampillés AOC / AOP soumis à des exigences précises) que tous les foies gras mis sur le marché respectent tous les critères de nutrition en intégrant le maïs ?
Ce ne serait pas la première fois que les entreprises agroalimentaires frelatent légalement.
Mais le débat sur la culture du maïs est ailleurs, car le maïs ne sert pas qu’à gaver les oies et les canards.
Le constat est évident.
Quand on traverse la Normandie, du sud au nord et d’est en ouest et nombre d’autres régions, on longe d’immenses champs de maïs. Est-ce pour nourrir des oies et des canards ?
Bien sûr que non.
Depuis plusieurs décennies, le productivisme agricole a fait le choix de nourrir les animaux de boucherie, bovins essentiellement, avec du maïs, le fameux ensilage. Avec cette technique, l’éleveur gagne plusieurs mois pour obtenir un animal bon pour l’abattoir.
Ainsi, le maïs a remplacé le foin, le trèfle et la betterave fourragère, moins nutritifs.
Il est là l’enjeu du business.
Donc, si on suit le raisonnement de la FNSEA, il faudrait construire des retenues d’eau là où on cultive le maïs, c’est-à-dire partout.
Quant au blé, plus consommateur d’eau que le maïs, si factuellement c’est vrai, la patronne de la FNSEA compte sur l’ignorance de l’auditeur pour avaler cette sornette.
Le blé fait essentiellement sa mue en hiver et au printemps quand les pluies sont généralement abondantes alors que le maïs pousse l’été quand les pluies se font plus rares.
Donc faire la comparaison des deux relève de la pure mystification.
Nier l’évidence des mutations climatiques est irresponsable. Pourquoi les vignerons du bordelais s’inspirent-ils des pratiques culturales du Maghreb, tentant d’implanter dans le sud-ouest des cépages d’Afrique du Nord ? Pourquoi en Normandie tente-t-on de cultiver la vigne sur des grandes parcelles pour en faire un nouveau commerce ?
L’heure n’est pas à chercher les coupables de ces évolutions climatiques, mais à s’adapter.
Il existe des plantes moins consommatrices d’eau pour nourrir les animaux, certes moins nutritives, mais c’est la seule solution raisonnable au problème climatique qui nous est posé.

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