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Le « Great Reset » de Davos…

... Une stratégie d’ensemble du capitalisme pour réduire les peuples et tenter de sauver le système.

lundi 16 novembre 2020, par Jacques COTTA

Le 3 juin dernier, le forum économique mondial de Davos a annoncé que son sommet de 2021 portera sur le « Great Reset » du système mondial en concertation avec les grandes entreprises, les chefs d’états, les banques centrales et le FMI pour construire le monde de demain… Pour tenter de comprendre ce dont il s’agit, partons des réalités du monde d’aujourd’hui et des réponses qui y sont apportées.

Depuis des semaines, des mois, le débat semble tourner en rond. Quotidiennement les discours affolants sont déversés pour apeurer, affoler, discipliner. Les mesures prises en découlent. D’une attestation pour justifier une sortie lors du premier confinement, nous voila rendus à deux, trois différentes pour nous contraindre toujours plus à une discipline dont à première vue on cherche encore la cohérence. Le second confinement condamne tout secteur qui participe un tant soit peu, en période normale, à notre vie sociale librement choisie. Les bars, restaurants, librairies, salles de sport, théâtres, cabarets, boites de nuits… sont condamnés. Les sorties sont réglementées. Les rencontres sont limitées. Les « attroupements » supérieurs à 6 sont interdits. La délation est encouragée. Et en même temps les moyens sanitaires sont diminués. Symbolique, le plus ancien des hôpitaux de paris, « l’Hotel Dieu », voit ses lits supprimés pour permettre une opération immobilière, et les hospitaliers qui se rassemblent à sa porte pour protester sont verbalisés. La répression est ciblée, visible, là encore pour impressionner. La pénalisation des mobilisations étudiantes est prévue menaçant tout participant à une occupation de campus à une peine de trois ans de prison. A la porte des lycées, les LBD se refont une jeunesse, blessant des jeunes gens qui réclament des mesures à la hauteur du discours alarmiste tenu par les responsables politiques. La double peur, du virus d’abord, de la répression ensuite, ont jusque là fait leur effet, mais jusqu’à quand ? Pour le virus, les médecins, scientifiques et politiques qui blablatent tous les jours ont de plus en plus de mal à cacher qu’il atteint sous sa forme grave presque exclusivement des patients très âgés souvent déjà atteints de comorbidité. Pour la répression, des premiers signes indiquent un raz-le-bol généralisé qui rappelle que tout système, aussi coercitif soit-il, possède un seuil de tolérance au delà duquel il est bafoué, rejeté.

Les mesures prises mettent à mal la France, ses travailleurs, ses habitants. Elles ne sont pas neutres et inaugurent le « Great Reset » annoncé à Davos. Le Covid est utilisé pour tenter de camoufler la question centrale, l’antagonisme Capital - Travail.

  • -> « Les Echos » annoncent que les profits des entreprises du CAC40 — banque, automobile, grande distribution, chimie, … — ont progressé de 17% depuis le 29 octobre. Les paradis fiscaux connaissent une seconde jeunesse. Les plus pratiqués sont Les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg. Le dumping social et fiscal bat son plein en Europe.
  • -> Dans le même temps Les mêmes qui s’engraissent liquident l’emploi : entre juillet et septembre, 682 000 emplois ont disparu, les concentrations capitalistes se poursuivent, tous les secteurs industriels sont touchés par de nouvelles restructurations décidées bien avant la pandémie. On évoque sans sourciller le million d’emplois supprimés d’ici la fin de l’année… La classe ouvrière mais aussi la « classe moyenne » , les étudiants, les professeurs, chercheurs et techniciens, musiciens et artistes, personnels de santé, commerçants… Nul n’est épargné.

Il y a quinze ans je publiais « 7 millions de travailleurs pauvres, la face cachée des temps modernes ». Face au constat, l’émoi était général. Les gouvernements et majorités de gauche ou de droite se sont succédés. Et aujourd’hui le bilan est pulvérisé.

 > 9,3 millions de personnes vivent au-dessous du seuil de pauvreté, plus du tiers sont des enfants et des adolescents, et plus de la moitié ont moins de 30 ans. 11,8% des jeunes adultes de 20 à 29 ans sont pauvres.

 > La crise du logement, bon indicateur de la misère, s’envole. Quinze millions de personnes sont concernées, mal logés, logements insalubres, surpeuplement dans le logement, absence d’eau ou d’électricité…

 > La précarité explose. Le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire s’envole. Avec la crise sanitaire, 1 million de français s’ajoutant aux 9,3 millions déjà concernés, bascule dans la pauvreté.

Et les discours sur « le coût du travail » ont toujours pignon sur rue pour profiter aux grands gagnants de la crise évoqués par le journal financier « les Echos ». Des milliards continuent d’être captés au travail pour venir dans les poches du capital. Impôt et cotisations des entreprises sont diminués. Les entreprises qui continuent d’empocher le CICE licencient ou organisent le chômage partiel payé par l’état. Carrefour, Bridgeston, Sanofi, Société Général, Renault, Peugeot… (Voir Ici, Dans le secret des licenciements)

La photographie est incomplète, mais suffisamment explicite. Le « Great Reset » voulu à Davos ne peut avoir d’autre objectif que de répondre à cette crise du capitalisme dont le Covid est en réalité un révélateur, une expression particulière.

La première étape, au nom de la crise sanitaire, revient à limiter de façon drastique les libertés. La démocratie est atteinte. Le parlement est nié, réduit à la portion congrue. Les députés peuvent voter un soir et voir leur vote transformé le lendemain dés lors qu’il déplait au prince Emmanuel Macron, à l’exécutif. Les lois qui sont mises en place et visent à museler le peuple — telle la loi sur « le schéma national du maintien de l’ordre » — s’inscrivent dans un scénario plus vaste. La volonté gouvernementale concernant par exemple la réforme de l’assurance chômage ou encore la réforme des retraites est intacte. Et c’est d’ailleurs en s’appuyant sur la majorité sénatoriale LR qu’à l’occasion du débat sur le budget de la sécurité sociale, les principales mesures concernant le recul de l’âge de départ à la retraite et l’allongement de la durée des cotisations ont été remises à l’ordre du jour en catimini sans publicité « outrancière » …

Le « Great Reset » pourrait bien s’assigner l’objectif d’apporter à sa façon, au moyen du Covid, les remèdes nécessaires à la survie du système. Il s’agirait d’organiser la destruction massive de secteurs entiers de la société pour permettre de s’engager dans une reconstruction permettant de relancer l’activité sur d’autres bases. Les sacrifiés d’aujourd’hui ne seraient que les premiers d’une liste qui reste à établir dans le détail. Des millions d’ouvriers, de salariés, de citoyens des couches moyennes suivront, victimes de l’explosion des inégalités et de la dette. Il ne s’agit pas là de « complotisme », de recherche d’acteurs camouflés qui tireraient les ficelles, mais seulement de la description de la marche inexorable à la barbarie dans laquelle nous entraine le capitalisme et les capitalistes, leurs gouvernements et la recherche effrénée du profit sur le dos des travailleurs et de la société.

Jacques Cotta
Le 15 novembre 2020

Messages

  • Bonjour M. Cotta,
    Merci pour ce magnifique article qui résume excellemment bien la situation et anticipe sans doute trop lucidement l’avenir.
    Comment allons-nous réussir à nous extirper de ces révoltants projets ? Est-ce même encore possible tant le pouvoir des castes dirigeante et des multinationales est grand ?
    À part consommer le moins possible et intelligemment, quel est notre poids vis à vis de ces géants scélérats et mal intentionnés ?
    Puisque nos dirigeants sont désormais presque 100% à leurs bottes, le combat n’est-il pas perdu d’avance ?
    Bien à vous,
    Marie Bourion

  • Dans son essai datant de 2008, "La stratégie du choc : la montée du capitalisme du désastre", Naomi Klein avait déjà décrit, faits et événements historiques contemporains à l’appui, ce que cette analyse expose .

  • Faute de pouvoir s’offrir une bonne vieille guerre mondiale, pourquoi ne pas profiter d’un virus mondialisé pour relancer le système et le graver dans le marbre idéologique et dans les corps et les idées. Certes, ce virus ne peut égaler 14-18 ou 39-45 quant au nombre d’êtres humains envoyés à la fosse, d’autant qu’il semble s’en prendre surtout à la partie des forces productives les moins actives, néanmoins il permet de détruire, raser, supprimer des pans entiers de l’économie (capital immobilisé) : entreprises, services publics rendus au privé, éléments structurant la vie des peuples et des nations (énergie, autoroutes, aéroports, transports,...). Ce n’est déjà pas si mal. Pour parvenir à rivaliser avec les guerres mondiales, reste à soumettre les populations en les transformant en robots obéissants, zombies contrôlés par informatique, privés de toute liberté avec lois, magistrats et police aux ordres. Bon, restera peut-être à résoudre une équation pouvant se présenter assez rapidement : est-ce que les salariés autorisés à recevoir un salaire "vivable" suffiront à assurer la consommation indispensable au système ?...
    Méc-créant.
    (Blog : "Immondialisation : peuples en solde !" )http://Immondialisation-peuples-en-...

  • oui d accord sur le constat , ce n est pas nouveau sauf que ça s aggrave et que la paupérisation s accélère. Naturellement les dégâts causés par l’immigration voulue par l’oligarchie et ses alliés n existe pas , n est pas un problème ! LOL
    Bien, mais alors qu’est ce qu on fait ?
    On poursuit les "constats" , les "indignations" et dans le déni des réalités !
    Total ce sera Macron qui gagnera encore contre MLP et nous les ouvriers ,d’origine européenne et nos amis ,nous deviendrons des parias objets d étude comme les insectes par tous ces publicistes méprisants ou indignés = kif kif bourricot !

  • Il y a quand même une possible solution. Partir des présupposés d’aujourd’hui, à savoir toutes actions qui aujourd’hui montrent qu’individuellement ou collectivement , il est possible de lutter , d’innover, de créer, sans l’appui des fameux experts dont on nous abreuve à la télé, les gilets jaunes en sont une expression, l’organisation des soins hospitaliers pendant la pandémie en sont un autre exemple, je crois que le programme l’avenir en commun de la France insoumise porte un grand nombre d’aspirations populaires pour une rupture radicale avec le système ultra libéral de Jupiter.

  • "je crois que le programme l’avenir en commun de la France insoumise porte un grand nombre d’aspirations populaires pour une rupture radicale avec le système ultra libéral de Jupiter" dites-vous, seulement vous oubliez (ou vous ignorez ?) qu’en restant dans l’UE et dans l’Euro, les mesures du programme de LFI (intéressantes au demeurant !) seront impossibles à mettre en oeuvre car contraires aux traités européens. Ces mêmes traités qui, dans les faits, sont impossibles à modifier sans l’accord unanime de TOUS les pays membres ! (Bon courage !)
    En conclusion vous vous bercez d’illusions si vous croyez que LFI au pouvoir pourra modifier quoi que ce soit sans au préalable sortir de l’UE et de l’Euro.
    L’exemple des reniements de Tsipras et de Syriza illustrent bien mon propos.
    Attention aux lendemains qui déchantent !

  • Une question me taraude depuis qq temps : Peut-on lutter contre les projets du Forum économique mondial de DAVOS ??
    Comment ?
    Et prenons l’exemple de certaines ONG internationales sanitaires qui essayent d’en tirer des subsides indispensables à leur projets humanitaires, doivent-elles s’en retirer ?
    Amitiés, Robert.

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