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Quand l’actualité fait des siennes…

vendredi 15 janvier 2021, par Jacques COTTA

Dans les 15 derniers jours, l’actualité s’est montrée particulièrement généreuse pour les commentateurs enclins à développer une pensée et idéologie au service du pouvoir.

  • Avec l’épisode Covid la rubrique vaccin a supplanté celle concernant les masques, les respirateurs ou les tests.

Le gouvernement se montre à nouveau particulièrement incompétent et menteur. Incompétent sur la question vaccinale. Qu’on soit pour ou contre, pro ou anti, le constat est imparable. La vaccination n’est pas au rendez vous malgré les promesses et engagements multiples. Pour le mensonge qui vise à duper le plus grand nombre, le réveil risque fort de s’opérer avec la gueule de bois. Le gouvernement annonce des milliards pour soulager les uns, permettre la survie des autres. En réalité, les prêts consentis devront être majoritairement remboursés. La politique ne fait que différer, et non supprimer la mort annoncée de milliers et milliers d’entreprises, la misère pour des millions de travailleurs et de jeunes.

  • Avec la situation américaine qui permet un déferlement idéologique bourré d’arrières pensées.

Les images de quelques centaines de manifestants pro-Trump envahissant le congrès diffusées en boucle ont permis à nos commentateurs aussi ignorants les uns que les autres de déverser leur haine du peuple au prétexte qu’une bande d’illuminés d’extrême droite se retrouve devant les caméras. Ainsi l’électorat Trump n’a plus de visage sinon celui de ces caricatures. Les ouvriers victimes de la mondialisation, les paysans, les petites gens, les plus faibles, les délaissés, les victimes qui par défaut se sont rangées derrière Trump —ce qui n’est pas le moindre des paradoxes — n’ont plus de réalité. Et le transfert sur notre situation nationale ne tarde pas. Immédiatement la réminiscence des GJ inquiète, qualifiés et assimilés aux caricatures américaines. Trump le méchant, Biden le gentil, voilà la fable qu’on voudrait nous conter, préfigurant ce qui nous attend ici dans les mois qui viennent…

  • Avec les « révélations » concernant Olivier Duhamel.

Evidemment les exactions sexuelles de l’idéologue du PS à l’époque vis à vis de son beau fils âgé de 13 ans, le fils de Bernard Kouchner, révélées dans le livre de la soeur jumelle du jeune garçon ces derniers jours ont défrayé la chronique. A l’occasion on apprend la mort suspecte de l’actrice Marie France Pisier, tante des jeunes gens, prête à l’époque à révéler l’affaire, dans une piscine qui rappelle la flaque d’eau dans laquelle l’ancien trésorier du RPR, Robert Boulin, avait trouvé la mort « par noyade » en 1979. Le plus surprenant dans cette histoire n’est pas un rapport sexuel qui n’est pas le premier du genre et qui sans doute malheureusement ne sera pas le dernier. Le plus surprenant concerne ce petit monde du quartier latin, socialistes en vue notamment, englués dans l’idéologie soixante huitarde décomposée portée par les Cohn-Bendit et consorts. ( voir "Réflexions sur le cas Duhamel" Et le plus révoltant est la volonté de revisiter l’histoire en discréditant la plus grande grève générale que la France a connue, en mai 1968, mettant en branle ouvriers, salariés, jeunes, pour mettre à bas l’état gaulliste. Les révisionnistes n’ont donc de cesse d’assimiler plus de 50 ans après le mouvement révolutionnaire de 1968 à la volonté de quelques illuminés de « vivre sans temps mort et jouir sans entrave ». Ce n’est pas le passé qui les gêne, mais la peur de l’avenir qui les hante… Après tout, ne feraient-ils pas là preuve de lucidité ?

Les commentateurs qui s’en sont donné à coeur joie, à plume délayée et gorge déployée, ont pourtant omis de parler de l’essentiel. Et pour cause. La situation politique et sociale est d’une instabilité telle que le régime lui-même ne cache pas son inquiétude. La peur provoquée par la crise du Covid qui avait mis sous l’éteignoir les réalités sociales commence à s’émousser.

Michelin vient d’annoncer 2300 licenciements. Après Bridgeston, le fabriquant de pneumatiques vient rappeler à qui aurait bien voulu l’oublier que ce sont des milliers de boites, des centaines de milliers d’ouvriers et de salariés qui se trouvent menacés de perdre leur emploi et avec lui leur salaire. Ce sont des centaines de milliers qui risquent de venir grossir les rangs des huit millions de français qui ne survivent que par l’aide alimentaire.

Dés lors, la question qui se pose est la suivante : comment interdire les licenciements, comment obtenir le retrait de tous ces plans qui émanent en partie de groupes gavés d’aides publiques qui se retrouvent non dans la sauvegarde de l’emploi, mais dans la poche des actionnaires. Alors que tout le monde sait bien que c’est dans la mobilisation unie tout de suite, vers les lieux de pouvoir, par centaines de milliers, qu’il serait possible d’obtenir la suppression des licenciements et le maintien des salaires, alors que tout le monde attend des réponses politiques et syndicales allant dans ce sens, les premiers se taisent quand les seconds semblent tout bonnement se moquer des salariés qu’ils sont censés défendre. (voir "Macron, la Gauche, leurs préoccupations et les nôtres...)

  • Pour les politiques, seule les futures présidentielles dans 15 mois semblent retenir leur attention, oubliant que tout galon pour demain ne peut se gagner que dans les batailles à livrer aujourd’hui.
  • Pour les organisations syndicales, elles annoncent une rentrée faite de « temps faibles » et de temps dits « forts », soit de journées d’action démoralisantes, démobilisatrices, complices de tous les mauvais coups portés depuis plus de 40 ans au monde du travail.

Mais n’ayons crainte. L’actualité qui s’est montré si généreuse est également en règle générale assez insistante. Les sujets non résolus reviennent avec obstination. N’en déplaise aux commentateurs de tous bords et aux responsables gouvernementaux qui attendent du Covid qu’il puisse occuper tout l’espace… Mais jusqu’à quand ?

Jacques Cotta
le 15 janvier 2021

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