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Inexorable duel RN/islamisme

dimanche 10 novembre 2019, par Jean-Paul DAMAGGIO

Oui, inexorable à présent. L’appel à manifester contre l’islamophobie n’est que le point d’orgue d’une opération très ancienne puisqu’elle date de la révolution iranienne de 1979. Edwy Plenel en est un des plus vieux chefs d’orchestre qui m’accuse aujourd’hui, en tant que dénonciateur de cet appel, d’être le pire des républicains ou pour aller plus vite d’être un soutien de Marine Le Pen. Pourquoi ? A parler d’islamisme on insulte les musulmans, on les montre du doigt, on les discrimine ou employons le terme religieux, on les stygmatise. Sauf que bien sûr il s’agit de tout le contraire : dénoncer l’islamisme permet d’user d’un paratonnerre pour mieux défendre les musulmans dans leur immense majorité !

La gauche ordinaire n’ayant plus rien à proposer de sérieux a décidé de fabriquer des perdants, des victimes, pour se donner le rôle paternaliste de les défendre. La gauche larmoyante est devenue spectatrice d’un duel terrifiant se réduisant à soutenir l’équipe perdante puisque tout le monde le sait le RN est l’équipe gagnante.

Mais oui bien sûr, je peux énumérer la liste des discriminations envers les Arabes (et ceux qui ont l’air arabe) que mon père a bien connu autrefois quand il était le macaroni du pays or si le racisme peut aisément se répéter ce n’est pas le cas de l’antiracisme.

Inexorable ? Car la mécanique vient de franchir un seuil qui fait que le RN a face à lui un adversaire à sa mesure, tout comme les islamistes qui ont ainsi un adversaire politique ! Si vous remettez du carburant dans un moteur à explosion c’est inexorable, vous pouvez reprendre la route.

La question je l’étudie depuis longtemps aussi j’ai publié en 2017 un livre : Le F.N. et les paradoxes d’hier et de demain, Trente ans d’études à partir du cas du Tarn-et-Garonne. Et il est aisé à présent de constater que les paradoxes de demain vous être encore plus saignant que ceux d’hier ! Les mêmes qui se présentent en adversaires bavards de l’extrême-droite viendront nous dire demain qu’il faut voter Macron pour mieux combattre ensuite son programme ! Ils refusent de voir qu’ils alimentent le succès du RN !

Si Mitterrand usa du FN pour diviser la droite et assurer la survie de sa non-politique (étant à l’article de la mort il avait seulement le souci de durer), Macron se contente de bénéficier de la mécanique mise en place pour assurer le développement de sa politique capitaliste. Il n’est donc pas le dernier à mettre du carburant dans le duel islamisme/RN qui lui ouvre un boulevard. Ce duel devient l’agenda quotidien des médias jusqu’à m’obliger à l’évoquer plutôt que de parler de la mise en application d’une infâme loi sur le chômage !

Inexorable signifie que ne pouvant être ni sur le terrain où s’affrontent les deux équipes, ni dans les tribunes où les spectateurs comptent les points, il ne reste plus qu’à tenter de crever les roues de la machine en dénonçant plus que jamais l’islamisme.

1 ) l’islamisme un service social

Mais oui, j’ai entendu cette vérité car c’est une vérité. L’islamisme a les moyens que lui donne sa force de frappe internationale et peut suppléer à l’Etat défaillant en aidant les pauvres. L’Eglise catholique, du tant où elle pouvait récupérer 10% de la richesses nationale (la dîme), avait en charge les hôpitaux, les écoles etc. La religion est là pour consoler alors quand elle peut le faire… La Révolution n’a pas consisté à l’obliger à mieux gérer, mais à ne pas gérer du tout !

Pour cette aide aux pauvres les islamistes français devraient prôner une banque islamique. La finance islamique, pour pouvoir fonctionner, doit répondre aux préceptes de l’Islam. Chaque action de la banque est contrôlée par un « conseil des sages », la Sharia Board. Ces spécialistes de la religion, ces « Sharia Scholars », sont également d’éminents spécialistes de la finance et de la jurisprudence des affaires. Elle fonctionne, on a compris, en respectant l’Islam : elle a donc des limites, à ne pas franchir. Cette finance de contraintes, propres de l’investissement socialement responsable, repose sur cinq piliers fondamentaux, outre l’interdiction des financements d’activités « impures » :

 Interdiction de l’intérêt, le « ribâ », de l’usure. On ne rémunère pas le capital pour le capital, sans travail concret.

 Interdiction de la spéculation, « gharar » et du hasard, « massir ». L’incertitude trop importante est bannie des échanges financiers, on ne joue pas au casino !

 Adossement des actifs aux transactions financières. Il y aura donc toujours un bien tangible dans chaque transaction.

 Partage des pertes et des profits, du risque. C’est la relation qu’il y a entre un acheteur et un vendeur, plutôt que la relation qu’il y a entre un débiteur et un créancier : la banque achète un bien, qu’elle revend à son client.

 Le dernier pilier est l’équité et la justice, au service de l’homme. L’objectif de la Finance Islamique est que ses profits servent le plus grand nombre, plutôt qu’une poignée de riches.

Franchement n’est-ce pas génial une banque islamique pour sortir du capitalisme ? Mais astucieux comme pas deux, les islamistes ont préféré faire porter leur combat sur le voile au nom de la liberté des femmes, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes quand on sait la place des femmes là où les islamistes règnent en maître !

2 ) l’islam politique n’est rien d’autre qu’une démocratie chrétienne ?

S’il existe des naïfs qui ne veulent pas voir l’existence de l’islam politique d’autres en reconnaissent l’existence pour bien la banaliser. Le premier à avoir prétendu que l’islam politique n’est rien d’autre que l’équivalent de la théologie de la libération s’appelle Alain Gresh. Dans le Monde diplomatique il avait mis sur deux pages, en parallèle, les pyramides d’Egypte et les pyramides des Mayas ! Dans le deux cas les deux courants religieux sont à la base pour aider les pauvres et à cause de ça sont victimes de la répression. Autre paradoxe puisque d’un côté la théologie de la libération voulait au nom d’une figure socialiste de Jésus remettre en cause l’exploitation de l’homme par l’homme, quand les islamistes au nom d’une figure intégriste du prophète veulent appliquer partout la loi de dieu ! La Théologie de la libération avait admis le principe crucial d’une religion extérieure au politique quand les islamistes ne font que répéter la soumission du politique à la religion ! Bref, quand on découvre que J-L Mélenchon reprend cette assimilation de l’islam politique à la théologie de la libération alors nous sommes bien dans un monde à l’envers. Il renoue ainsi avec une logique d’extrême-gauche que le NPA porte avec plus de cohérence. Comme son idole, Mitterrand, il veut tout faire pour durer en sachant, il vient de le dire à Marseille, qu’il ne sera pas candidat aux prochaines législatives. Mais bien sûr aux prochaines présidentielles pour un baroud d’honneur à moins que la majorité de LFI se révolte.

Et le refus du PS d’appeler à la manifestation contre l’islamophobie n’est pas de nature à sauver la gauche puisqu’il ne propose pas une politique conquérante capable de mettre en route une autre machinerie. Le PS a fabriqué Macron et cette marque est indélébile dans son histoire.