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Du Climat social à l’appel bis des militaires, Vers un grand chambardement ?

dimanche 16 mai 2021, par Jacques COTTA

Une semaine après le premier appel de généraux et autres militaires publié par « Valeurs actuels », voici une seconde tribune rendue publique, ouverte à la signature des simples citoyens.Passons sur le constat souvent juste que la gauche aurait dû faire sien depuis longtemps : quartiers délaissés, montée de l’islamisme, menace contre la république, insécurité, etc... Là, le problème est ailleurs. Dans ce second appel, il est indiqué : "Oui, si une guerre civile éclate, l’armée maintiendra l’ordre sur son propre sol, parce qu’on le lui demandera" . Cette phrase, noyée dans un galimatias martial, mérite d’être replacée dans un contexte général, seule façon d’en apprécier la portée. Car en l’état de délabrement du débat public, tout s’est concentré sur l’identité des signataires, leur grade, leur fonction, leur qualité d’active, leur situation de retraités. Evidemment nul ne s’est emparé du débat pour le mettre en relation avec la situation réelle du pays.

Alors que le monde politique semble engagé dans ses petites tambouilles habituelles illustrées par l’affaire Muselier-Cluzel en PACA pour les élections régionales — tentative de rééditer l’opération macronienne « tous avec moi contre l’extrême droite » — ou encore illustrées par une rencontre à Paris des principaux responsables de ce qui reste de la gauche, pour désigner un candidat unique aux prochaines présidentielles -voeux partagé par chacun pourvu qu’il soit ce candidat- pendant ce temps donc, le gouvernement affiche des intentions qui semblent passer inaperçues.

Il y a deux semaines les ministres Le Maire et Dussopt présentaient le programme de stabilité pour le pays, pour la période allant de 2022 à 2027, et dans la foulée présentaient à Bruxelles le plan de relance français dans le cadre du plan de relance européen pour obtenir 40 milliards d’euros.

A l’occasion, les masques tombent sur la générosité européenne et macronienne.
Le Figaro du 26 avril indique que « Ce n’est évidemment pas un chèque en blanc (…) Les 40 milliards ne seront pas versés sans contreparties » ,
avant de préciser :
« Le gouvernement s’engage à mener des réformes demandées depuis plusieurs années déjà par Bruxelles en vue de réduire le déficit et la dette publique » .
En écho, Bruno Le Maire insiste sur « la nécessité de réformer le système des retraites » .

Le Parisien interroge Emmanuel Macron en personne le 30 avril : «  vous allez donc réformer jusqu’au bout ? ».
Jupiter répond : « Jusqu’au dernier quart d’heure » .

Ainsi donc, selon les dires de ses membres les plus éminents, le gouvernement compte utiliser l’épidémie jusqu’à la dernière seconde pour faire passer sa politique, poursuivre la liquidation de l’hôpital public, de l’école, des services publics, des retraites, de l’assurance chômage et autres conquêtes qui permettent encore une vie commune.

Déjà aujourd’hui, le niveau de mobilisations, dont personne ne parle, contre la politique gouvernementale annonce des lendemains tumultueux. Rien n’exclut une centralisation des mécontentements sur un seul objectif, en finir avec la politique de Macron qui malgré sa faiblesse n’a rien abandonné de ses ambitions et de ses objectifs. Centralisation dans les élections, ou avant, dans la rue, dans la grève, selon les méthodes traditionnelles de la lutte des classes.

C’est dans ce contexte que le second appel des militaires et la petite phrase que je souligne "Oui, si une guerre civile éclate, l’armée maintiendra l’ordre sur son propre sol, parce qu’on le lui demandera" prend toute son importance. Qui demandera dans une situation insurrectionnelle aux militaires de rétablir l’ordre ? Et à qui ceux-ci obéiront-ils ? La guerre civile qui nous concerne se nomme révolte populaire, sociale, contre Macron ses mesures et son « en même temps »comme mode de gouvernement, contre l’exploitation, telle que l’histoire française en a connu à plusieurs reprises. La commune de 1871, le front populaire de 1936, la grève générale de 1968, les gilets jaunes....

Cela signifie, si les mots ont un sens, que si le pouvoir demande alors à l’armée d’intervenir contre le peuple soulevé, elle le ferait. Mais cela est-il si clair, homogène, joué d’avance ? La détestation du régime, et du pouvoir qui l’incarne, a toujours été une des motivations de militaires de la troupe qui dans des périodes historiques données ont décidé, contre les ordres, de « tourner crosse en l’air ».

Derrière cette question se trouve l’issue d’une situation révolutionnaire qui semble lointaine, et qui pourtant obsède les cercles dirigeants.

Jacques Cotta
Le 15 mai 2021

Messages

  • J’apprécie vos textes, mais il peut cependant arriver que je vois les choses différemment dans le détail.
    Donc encore d’accord sur l’essentiel, mais la guerre civile qu’évoque les militaires me paraît bien fantomatique et n’évoque pas une révolte principalement "sociale" mais une révolte identitaire entre les autochtones et les portions de territoires plus ou moins islamisés avec leurs multiples soutiens dans tout le territoire et à l’étranger.
    C’est le danger qu’évoquait déjà Hollande dans son livre interview "on va vers la partition" et G Colomb "nous sommes côte à côte, nous serons bientôt face à face".
    Je terminerai en disant que ce danger me paraît faible, et bien lointain. Les personnes de culture musulmane font environ 10% de la population française, et il faudra attendre 2050 pour qu’elles fassent environ 20% selon diverses projections. A ce moment, oui le danger sera "peut-être" réel si nous ne réussissons pas à les intégrer-assimiler. Mais le pari de la majorité de nos élites et que nous réussirons cette "intégration-assimilation" ... souhaitons le.

  • L’Histoire nous a souvent prouvé qu’elle est faite par les minorités actives, parfois même contre la majorité passive. L’Islam ne l’oublions pas est une religion "totalitaire", c’est à dire qu’elle a pour projet de régenter la vie des humains "du berceau au tombeau" comme disait Benito Mussolini.
    La démographie joue en sa faveur et tout le monde sait que la jeunesse en général peut s’enthousiasmer facilement y compris pour le pire (jeunes adeptes du nazisme en Germanie et du fascisme en Europe méditerranéenne, révolutionnaires culturels en Chine maoïste, massacreurs de masse au Cambodge ou en Afrique Noire, etc.).
    Je serais donc moins confiant que vous @Jean dampierre sur la gravité du danger que cette minorité, si elle était fanatisée au Coran, pourrait représenter à terme dans ce pays de "vieux" résignés.

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