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Le rouge, c’est bien mieux que le vert !

mardi 13 juillet 2021, par Denis COLLIN

Le rouge, c’est bien mieux que le vert !

Plus personne n’ose se présenter devant les électeurs sans affirmer, des trémolos dans la voix, son engagement plein et entier dans la lutte contre le réchauffement climatique et pour organiser « la transition énergétique ». L’écologie a donc triomphé ? En réalité, nous sommes confrontés à une vaste entreprise propagandiste, parfaitement conforme aux grandes figures de l’idéologie dominante, qui n’est jamais que l’idéologie de la classe dominante, et qui sert parfaitement les intérêts des grandes puissances capitalistes, financières ou étatiques.

Tout d’abord, rappelons que l’écologie est une science, crée par Ernst Haeckel, et qui se donne pour objet l’étude du vivant dans son milieu. En tant que science, l’écologie ne peut que décrire ce qui est et n’a évidemment rien à proposer. Parler d’écologie politique est à peu près aussi insensé que parler de chimie politique, de mathématiques libérales ou de physique socialiste ! Quand on fera le bilan de la prétendue écologie politique depuis la campagne présidentielle de René Dumont (1974), il apparaîtra assez clairement que ce ne fut qu’une imposture qui a pu se déployer comme expression de la crise du mode de production capitaliste à la recherche d’un nouveau mode de régulation à partir de la fin des « trente glorieuses » — il faudra faire un jour l’histoire de cette naissance de l’écologie politique et de ses sources souvent très troubles. Passons également sur les contradictions de ce mouvement essentiellement urbain et qui prétend aimer la nature, de ces adversaires des OGM favorables à la « PMA pour tou.te.s ». Passons également sur le destin de ces écolos notoires devenus des sortes de survivalistes (comme Yves Cochet) sans parler de la cohorte des arrivistes échoués dans les eaux glacées du macronisme.

Ceux qui veulent sauver la nature ou sauver la planète sont des plaisantins qui usent d’expressions auxquelles ils ne peuvent donner aucun sens. La nature n’est pas menacée et n’a pas à être sauvée. La nature, dont l’homme fait partie, suit les lois naturelles. Qu’une grosse météorite percute notre planète et provoque des extinctions massives, comme ce fut le cas à la fin de l’ère secondaire, ce serait un phénomène naturel, qui ouvrirait une nouvelle phase de l’histoire naturelle ! Rien d’autre. Quand, dans quelques milliards d’années, le Soleil englobera tout le système solaire et ayant brûlé tout son « carburant » terminera sa carrière comme naine blanche, l’espèce humaine aura disparu depuis longtemps, les pandas et les gorilles aussi, et pourtant la nature n’en sera pas affectée.

La seule question intéressante pour nous, humains, est de savoir comment nous pouvons préserver, aussi longtemps que possible le milieu naturel dans lequel nous vivons. Il faut méditer cette phrase de Marx qui considère que « la nature est le corps non organique de l’homme ». C’est le seul point de vue humaniste (« anthropocentré ») possible. Or l’écologie politique est le plus souvent radicalement antihumaniste. Il nous faudrait alors séparer clairement ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous. Comparé au climat des hommes qui ont peint les grottes de Lascaux, notre climat a profondément changé et le « réchauffement » ne date pas d’hier et pour l’essentiel l’activité humaine y est étrangère. De même que le mini-âge glaciaire qui commence après l’an mille et transforme le vert Groenland en continent de glace et de neige n’est pas dû aux éleveurs de vaches scandinaves qui s’y étaient installés. En revanche, la pollution des eaux et de l’air dépend largement de nous, comme dépend de nous l’artificialisation croissante des sols, l’épuisement des ressources naturelles possibles, la destruction des insectes par les insecticides et autres pesticides, etc. Ce qui dépend de nous est ce qui dépend de notre mode de production, c’est-à-dire de la manière dont les hommes se rapportent à la nature extérieure et à leur propre nature dans la production des conditions de leur vie et donc de leur vie elle-même.

Si on prend au sérieux les questions liées à la manière dont l’homme habite la Terre, à ce que Berque appelle écoumène, on ne peut éviter de revenir à Marx et à la nécessaire transformation radicale des rapports de production. Que produit le mode de production capitaliste ? Non pas des richesses utiles à l’homme mais d’abord de la valeur qui doit se valoriser. Et son principe fondamental est l’accumulation illimitée du capital. Ce processus, comme le montre Marx, conduit à la destruction des deux sources de la richesse, la Terre et le travail.

Autrement dit, la défense des conditions naturelles de la vie humaine est une part de la lutte séculaire des travailleurs contre le capital et il n’y a rien de sérieux à attendre de l’environnementalisme, du naturalisme, de l’écologisme profond ou superficiel porté par les EELV, pas plus que des « extinction rébellion » et autres disciples hallucinés de Mlle Thunberg. Ils sont simplement des candidats au rôle de béquille du capital, comme le montre à l’envi l’exemple des « Grünen » en Allemagne. Et il n’y aura pas d’alternative à Macron tant que on ne se débarrassera pas de ces macronistes repeints en vert.

Denis Collin - 13 Juillet 2021