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De Bush à Biden en passant par Macron, la débandade…

mercredi 1er septembre 2021, par Jacques COTTA

Depuis la débandade américaine à Kaboul et plus largement l’échec cuisant de l’OTAN, l’hypocrisie occidentale n’a plus de limite. Ainsi entend-on ministres, hommes politiques, commentateurs s’interroger pour savoir si tout compte fait « les talibans sont les mêmes qu’il y a vingt ans, ou auraient changé ». La Charia toujours de mise, le contrôle imposé, jusque dans les journaux télévisés où des barbus en armes surveillent de près les paroles d’un commentateur apeuré, le remplacement déjà engagé des femmes à tout poste de responsabilité par des hommes enturbannés, la dénonciation décomplexée de « créatures du diable » pour parler de femmes marchant dans la rue en l’absence d’un accompagnement masculin, le grand retour de la burqa, voilà quelques éléments qui répondent clairement aux faux curieux qui en réalité ne veulent ni voir, ni entendre.

Cette myopie et cette surdité de nos élites occidentales ont de bonnes raisons qui pèsent plus de 1000 milliards de dollars. Voilà la prise des Talibans en Afghanistan qui possède en ressources naturelles des quantités de lithium, nécessaire notamment aux batteries électriques et aux smartphones, sur lesquelles l’occident lorgne, ce qui permet de laisser de côté le sort des femmes afghanes et des opposants aux talibans.

 > Voilà qui permet de comprendre l’attitude des puissances occidentales qui ont semblé surprises et prises de court par l’effondrement de l’état afghan, du gouvernement — dont des membres n’ont pas oublié de servir avant de passer de l’autre côté — et de l’armée mise en place par les américains, alors que la situation était prévue depuis des semaines, annoncée même, sans qu’aucune disposition ne soit anticipée pour éviter de laisser à la barbarie des milliers d’afghans qui avaient eu le tort de prendre au mot de croire les promesses des Bush, Biden, Macron et quelques autres.

 >Voilà qui permet de comprendre aussi les paroles du ministre Le Drian qui s’interroge sur la volonté des Talibans de mettre en place « un gouvernement inclusif ». Bref, d’ouvrir au débat démocratique l’avenir du pays qui est tombé dans leurs mains.

Cela est abject, comme l’est d’ailleurs la déclaration du président Emmanuel Macron qui de façon à peine dissimulée indique qu’il faut prendre les nouveaux maîtres de Kaboul comme des interlocuteurs réels, sans doute parce que leurs protecteurs qataris sont des amis du pouvoir français. Alors que la mobilisation contre la barbarie islamiste aurait dû contrarier nos relations avec de tels pays où la négation des droits en général, des femmes en particulier, n’a pas attendu les enturbannés de Kaboul, c’est tout le contraire qui s’est produit. A coup de pétrodollars, les qataris sont venus en France en terrain conquis. Le PSG par exemple fait figure de vitrine… Finies donc les « dénonciations du terrorisme taliban ». Les barbares sont devenus de nouvelles relations en germe, prêtes, espèrent les chancelleries, « à donner leur contribution au combat contre Daesh ».

Pendant que Macron crédibilise les nouveaux maîtres de Kaboul, les américains dans leur déroute offrent à leur créature les armes nécessaires pour faire régner l’ordre dans la région. Le commandant en chef de l’armée américaine sur place a eu beau indiquer que des avions et des blindés avaient été mis hors d’état de nuire avant que les yankees ne prennent la poudre d’escampette, des experts américains indiquent que l’inventaire ne fait pas le compte. Des munitions et armes lourdes par milliers, qui ont permis de faire tourner l’industrie d’armement américaine, demeurent aujourd’hui dans les mains talibans.

Sans préjuger de ce que donnera l’avenir qui s’annonce bien sombre pour les afghans, et plus généralement pour la région toute entière, quelques leçons provisoires peuvent être abordées :

  • Le bonheur des peuples ne peut se faire en écartant les peuples. La présence américaine en Afghanistan a eu un dénouement assez logique, qui n’a rien à envier à celui connu en 1975 à Saigon.
  • Les peuples pour résister à la barbarie et prendre le dessus ont besoin d’aide politique, diplomatique, militaire. Le contraire de l’attitude adoptée par les puissances occidentales qui portent donc une responsabilité majeure dans la situation qui se dessine.
  • -Le président Emmanuel Macron pensait à l’occasion prendre de la hauteur. Mais la réalité le rattrape à la vitesse de la lumière et démontre son incurie sur le plan international, sa volonté répressive sur le plan national avec un « pass sanitaire » dont le but est de brimer le peuple pour faire passer une politique destinée à attaquer emplois, salaires, retraites, chômage, etc… et pour interdire toute critique, y compris sur la question talibane.
  • Enfin, il n’est pas inutile d’adresser une question à la FI, au verts ou autres islamo-gauchistes : n’est-il pas étrange, contradictoire de voir dans le voile en france un signe de libération et de liberté des jeunes femmes qui le portent, et de déplorer sont rétablissement à Kaboul. Mystère… Le voile destiné à cacher la femme aux regards extérieurs, à « dissimuler son impureté », aurait-il des significations différentes selon qu’il est porté ici ou dans la capitale afghane ?

Il n’y a pas Kaboul d’un côté, Paris, Washington ou Londres de l’autre. Les orientations politiques, souvent différentes dans leur mise en oeuvre, dans la violence immédiate utilisée par les pouvoirs en place, ne sont-elles pas comparables sur le fond, sur le plan social, sur le plan démocratique, sur celui des libertés ? N’est-ce pas en définitive la loi du capital qui s’impose sous des formes différentes ? Sur ces question essentielles, l’ennemi est bien ailleurs, mais pas seulement. L’ennemi est aussi dans notre propre pays ?

Jacques Cotta
Le 1er septembre 2021

Messages

  • Bonjour Monsieur jacques COTTA,
    si je prends le temps de vous repondre c’est parce que je me sens vise par l’angle que prend votre analyse.
    Je vous cite:N’est-il pas etrange de voir dans le voile en france un signe de liberation et de liberte des jeunes femmes qui le portent, et deplorer son retablissement a KABOUL ? C’est Lionel JOSPIN et non Jean-luc Melenchon qui etait Ministre de l’Education Nationale lorsque sont apparus l’affaire des jeunes filles voiles de Creteil. Et c’est Lionel Jospin, homme de gauche qui refila a l’epoque la patate chaude aux recteurs d’etablissement en se defaussant sur leurs propres responsabilites et en leurs demandant par le biais d’une directive ministerielle de decider par eux-memes si ces voiles etaient contraires ou non au principe de laicite. Lorsque les nouveaux philosophes que sont BHL et pascal BRUCKNER defendait les combattants afghans islamistes en une du journal Le FIGARO au debut des annees 80 contre l’armee sovietique, comparant alors ces hommes aux republicains espagnols de la guerre civile espagnole je n’ai pas alors souvenir d’avoir entendu ou lu beaucoup de journalistes s’offusquer de la faiblesse de la comparaison des deux evenements que sont la guerre civile Espagnole et la guerre entre islamistes afghans et l’armee communiste russe.
    Apres coup il est toujours facile de savoir de quel cote il faut etre mais encore une fois c’est surement de la faute du fasciste en carton Georges MARCHAIS si le multiculturalisme a l’Americaine s’est impose en France, lui qui ne la jamais defendu et c’est surement de la faute de Melenchon et des siens si des attentats terroristes ont eu lieu en France, de meme que l’attentat de Kennedy, l’attaque des tours jumelles aux etats-unis, la guerre de Lybie, celle de Syrie, du kosovo, de yougoslavie, l’annexion de l’Ukraine par Vladimir Poutine, l’armistice signe par Laval et Daladier, les pleins pouvoirs donnes au Marechal Petain, la crise de la vache folle, celle du COVID19 et les habitations qui s’effondrent sur la population marseillaise et j’en passe. En effet la liste serait trop longue et pour ne pas heurter votre sensibilite de combattant des brigades internationales je termine en vous disant que j’ai enseigne plusieurs annees avant les attentats que la Nation Francaise a subi et le traitement politiquement oriente des medias francais m’a tellement degoute du metier de journaliste que je ne prends plus mes informations a la tele, j’espere qu’il n’en sera pas de meme demain avec Internet.
    Au plaisir d’echanger avec vous.
    Cordialement.

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