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Où va la France ?

vendredi 17 décembre 2021, par Jacques COTTA

Entre 1934 et 1938, Léon Trotsky consacrait une série d’articles à la situation française. C’est sous le titre « Où va la France ? » que ces écrits étaient publiés. On y trouvera notamment les rapports entre revendications immédiates et lutte pour le pouvoir, le combat contre le fascisme et pour la grève générale, l’importance des comités d’action et des comités de grèves pour affronter l’état bourgeois, l’unité nécessaire des paysans, hommes et femmes, jeunes et vieux dans l’aspiration à bâtir un autre monde, à se libérer du joug capitaliste pour emprunter le chemin du socialisme, de la liberté.

Lorsqu’Emmanuel Macron s’est lâché dans sa dernière prestation télévisée, faisant mine de s’adresser à ces millions de Gilets jaunes « sans lesquels il ne pourrait réaliser sa révolution », le titre de cette émission « Où va la France ? » destinée à tirer le bilan de 5 ans de pouvoir macronien a soudain crevé l’écran.

Ignorance historique ou foutage de gueule appuyé ? Sans doute les deux à la fois.

  • Pour l’exercice d’abord.

Emmanuel Macron a fait la démonstration sans vergogne, au grand dam de ses opposants réunis dans une condamnation tout aussi justifiée qu’unanime, du caractère totalement antidémocratique de la 5e république. Alors qu’il sera dans cinq mois candidat à sa propre succession, il lui a suffi de vouloir pour pouvoir occuper une fois de plus les plateaux de télévision, sans opposants et sans risque de se trouver confronté à la moindre question embarrassante.

  • Pour la forme ensuite.

Macron nous a délivré un mauvais one-man-show doublé d’une auto-analyse en direct, le tout sur fond d’autosatisfaction pour le moins indécente.

  • Pour le contenu enfin.

L’important n’est pas le personnage Macron, mais la volonté de ses donneurs d’ordre d’aller jusqu’au bout des choix perturbés à la fois par la situation Covid, mais aussi et surtout par une résistance populaire qui s’est dressée sur le chemin présidentiel.

Sur les retraites, sur les « réformes » destinées à enfoncer l’état social, sur le travail, sur les salaires, sur les acquis, sur l’hôpital, sur la soumission à l’Union européenne, sur la volonté de liquider la nation, sur toutes les questions, il a regretté de laisser les dossiers en suspens et a affiché sa volonté de consacrer les cinq années qui viennent à faire ce qu’il n’a pu réaliser durant les cinq années passées. Et pour parvenir à ses fins, il ne manque pas de menacer sans distinction, utilisant le « vaccin » et le « pass sanitaire » comme un moyen de pression généralisé.

De sa prestation, les convaincus sortiront satisfaits, les autres seront partagés entre agacement et dégoût, notamment en entendant de faux accents de mea culpa sur l’exercice du pouvoir qui devait « être irréprochable »...

En réalité Emmanuel Macron fait figure d’agitateur redoutable, poussant des millions de français à fourbir leurs armes. Son intervention a permis de mettre à jour la photographie politique du moment. Ses positions, son programme, les mesures qu’il préconisent et sur lesquels les Ciotti, Le Pen, Zemmour, ou encore Pécresse jouent chacun dans leur domaine la surenchère, préparent les plus grands désordres. Nul ne peut dire quand ni à quelle occasion, mais tous les ingrédients d’une déflagration sur le terrain direct de la lutte des classes se développent… Le quoi qu’il en coûte ne peut faire éternellement illusion. Macron, Ciotti et les autres annoncent sans relâche qu’il faudra bien passer à la caisse. L’inflation repart. Les salaires demeurent bloqués. La vie explose, le coût de l’énergie n’étant qu’un aperçu de la réalité dans laquelle se débattent les français...

Les élections présidentielles pourraient bien, dans ce cadre, n’être qu’un moment avant la confrontation qui ne manquera pas d’arriver.

Jacques Cotta
Le 17 décembre 2021

Messages

  • Alors on fait quoi ? On joue une fois de plus avec les institutions, en soutenant quelque apprenti Bonaparte ou on rompt et on ouvre vers la Constituante ?

  • Puisqu’on est dans le bonapartisme, tout compte fait le meilleur reste tout le même notre JLM national !
    En bouchant le nez ou pas on pourra toujours voter pour lui. Parmi les affreux choisissons le moindre.
    Pas d’inquiétude les amis, le jour du vote en principe personne sera là pour voir ce que vous déposerez dans l’urne. Et voter blanc c’est faire la politique du pire.

  • Comme le commentateur précédent, j’ai envie de dire : on fait quoi ? A la seule différence du commentateur précédent qui semble fustiger un apprenti Bonaparte en lequel je crois reconnaître Jean-Luc Mélanchon, je persiste à penser que JLM reste envers et contre tous et toutes le candidat de la BIFURCATION ECOLOGIQUE et le candidat de la RUPTURE POLITIQUE d’avec les institutions de la 5ème République. Evidemment le risque demeure qu’il ne fasse pas ( ou soit empêché de faire ? ) ce qu’il annonce sur tous les plateaux et meetings. Mais après tout, la politique , et donc aussi l’élection par un vote, est une activité à risques. Convenons ensemble que la situation est particulièrement "inextricable" qu’elle le soit d’un point de vue purement politique au sens classique du terme, mais alors encore plus si on la juge et la jauge à l’épreuve du changement climatique et à celle des épidémies. Quant à la question SOCIALE , à la question de la LUTTE DES CLASSES, on en rajoute une couche de complexité en plus. Qui peut être assuré d’en détenir les clés ? Et pourtant la résistance à toutes ces menaces va devoir s’organiser ! Bon vent à nous tous et toutes !

  • trés bien.
    Belle analyse,
    et maintenant on attend..?..ou on oeuvre pour la construction d’une"force".?...ou on se saisit des élections à venir.?...ou on se raconte que de toute façon c’est la fin d’un système......??????

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