Les diverses tentatives pour construire de nouveaux « partis du leader », baptisée « populistes » on ne sait trop pourquoi finissent en eau de boudin. Podemos, LFI, M5S, par des voies différentes, ils montrent qu’ils sont incapables de rénover la vie politique démocratique. L’intersectionnalité et le "chantal-mouffisme" (le péronisme ripoliné pour les Européens) sont des impasses. Il n’y aura pas de miracle, pas de raccourci. Soit se reconstruiront de véritables partis socialistes ou communistes (l’appellation est au choix, le contenu historique est le même), fondés sur la nécessité de renverser le capitalisme, soit il ne restera plus aux gens de ma génération que la consolation d’être morts (avec un peu de chance) quand le pire sera là.
Mais pour reconstruire quelque chose de sérieux, il faut 1) agir sur une ligne unitaire sans sectarisme (comme sur le RIP) et 2) discuter sérieusement du "manifeste communiste" dont le XXIe siècle a besoin. Les querelles de micro-boutiques entre les diverses groupuscules « souverainistes » sont évidemment dérisoires dans ce contexte. Aussi importante que soit la question de la souveraineté nationale, elle n’a de sens que liée à une ligne stratégique d’émancipation sociale. Que le libertarien Boris Johnson veuille utiliser le « Brexit » pour mieux arrimer le Royaume Uni au Léviathan transatlantique, cela devrait être assez clair mais ne l’est pas pour tous et quand l’on voit force « souverainistes » français chercher un sauveur suprême chez ce porte-parole des tories les plus opposés aux intérêts du peuple, voilà qui est plutôt déconcertant.
Si on en croit le regretté Wallerstein, le capitalisme ne devrait pas dépasser le demi-siècle. Ce qui viendra ensuite sera pire (si on continue de laisser aller les choses comme en ce moment), soit meilleures si les hommes sont assez forts et assez raisonnables pour reprendre leurs affaires en main. La question du climat est là-dedans assez secondaire, en vérité, même si certaines évolutions inquiétantes pour l’avenir commencent à se dessiner. La question du climat est moins dramatique que la question du mode de production capitaliste. Car c’est ce mode de production qui gaspille les ressources et conduit le monde au chaos. On connaît des tas de solutions qui permettraient d’être plus économes et de ménager non pas la planète mais le milieu vital des humains, notre écoumène. Mais toutes ces solutions ne peuvent être mises en œuvre qu’en renoncer à l’impératif de l’accumulation illimitée du capital, mais aussi en bâtissant des sociétés bien plus égalitaires qui rendraient les sacrifices sur la consommation plus acceptables.
Un changement radical donc s’imposerait. Dans les têtes d’abord. Et ensuite dans l’organisation d’une nouvelle culture populaire contre l’idéologie du capital et de la marchandise qui domine aujourd’hui même les recoins de la vie privée. Un tel changement ne peut pas se proclamer. Il faut créer des lieux de débat autour de ces objectifs et commencer à chaque échelon à regrouper en allant de bas en haut (exactement le contraire de cette absurde soumission au chef charismatique, qu’il s’appelle Iglesias, Mélenchon ou Grillo).
Le Manifeste pour un XXIe siècle plus heureux produit par « La Sociale » en 2016 jetait les premières bases. Il pourrait constituer un brouillon ou une esquisse ce que nous devrions faire maintenant.