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A propos de l’article de Jean-Louis Ernis : « les bras m’en tombent ».

jeudi 7 juillet 2022, par Jacques COTTA

Jean Louis Ernis nous gratifie d’un article dans lequel il s’affirme comme donneur de leçons qui témoigne d’une incompréhension à peu près totale des positions qu’il condamne sur la base de mensonges assez grossiers. Cela interroge d’ailleurs sur le sens de cet article que nous diffusons bien volontiers, laissant la parole à qui veut la prendre, et nous réservant le droit de remettre si nécessaire les pendules à l’heure.

Reprenons point par point.

 Il affirme avoir lu ou vu sur notre site « la satis­fac­tion de voir le Rassemblement National, enfin le Front National et pour tout dire l’extrême droite, deve­nir la pre­mière force d’oppo­si­tion par­le­men­taire ».
Ça commence assez mal. Où, quel article, quelle vidéo ? J.L. Ernis aura du mal à trouver.

 Il fait le rapprochement avec l’UP de Caen tenue sans qu’il le dise par Michel Onfray. Et pour ne pas la nommer attaquer celle d’Evreux que Denis Collin a co-animé durant des années.
J.L. Ernis s’en défendra, mais les sous-entendus et la calomnie ont une histoire dans le mouvement ouvrier, qu’il fait sienne aujourd’hui, qui jusque-là était bien porté par les partis staliniens dont à ma connaissance il n’a jamais été membre… Etrange.

 Il nous assimile donc sur la base de faux à la gauche qui hier donnait les pleins pouvoirs à Pétain.
Se rend-il compte seulement du caractère dégueulasse de l’argument, totalement infondé, qui ne relève pas de la discussion démocratique, mais seulement de la volonté de nuire, de calomnier, de salir. Là encore pour quelles raisons ? Cela devrait suffire à clore là toute discussion et à proposer à Ernis d’aller voir ailleurs. Mais continuons.

 Sur la nature du RN, Ernis fait preuve de méconnaissance historique. Il nous reproche en fait de ne pas le qualifier comme le font tous les bien pensants de tous bords — les tenants du politiquement correct — de parti fasciste et de participer à sa « dédiabolisation ».
Un parti fasciste a pour fonction d’écraser physiquement les partis et militants ouvriers qui menacent le capital par leurs revendications et leurs actions. Ce sont les milices armées qui entrent en action. Rien à voir avec le RN, que cela plaise ou pas. Pas besoin d’eux d’ailleurs pour casser les organisations ouvrières et les dirigeants ouvriers. La politique de collaboration avec l’UE de la gauche, toutes tendances confondues s’en est chargée. Et la participation des syndicats à la confédération européenne des syndicats, bras armé de l’UE dans le monde syndical, a fait le reste.

 Durant les élections, nous n’avons évidemment jamais appelé à voter RN. Mais nous avons clairement exprimé la volonté de voir défait Macron et battus aux législatives ses candidats.
Pour être clair, une chèvre en face de Macron aurait eu notre voix. La défaite de Macron, candidat du capital financier, devait ouvrir une crise politique en rendant plus difficile l’application du programme des 5 années à venir qui devrait parachever l’oeuvre engagée. Je ne développe pas : retraites, sécurité sociale, santé, services publiques, travail, salaires, assurance chômage, politique internationale, guerre, etc…

A l’inverse, J.L. Ernis et quelques antifascistes à la mode auraient sans doute préféré une majorité macronienne à l’Assemblée, celle qui a fait tirer sur le peuple des Gilets jaunes, qui a énucléé ou estropié…

 Pour l’histoire du RN, et donc du FN, je renvoie avec plaisir Ernis à un documentaire que j’avais réalisé en 1988, « Front national la nébuleuse » pour lequel j’avais vécu une année environ au milieu du sujet que je désirais traiter, du sommet à la base.
Déjà à cette époque il était judicieux de parler de nébuleuse, et non de parti fasciste, regroupant les composantes classiques de l’extrême droite française à sa tête, des catholiques intégristes de monsieur Antony aux païens de monsieur Vial en passant par une série de droitiers issus du RPR, 2 à 3% du FN évaluait-on à l’époque. Les troupes étaient déjà formées de « ces ouvriers abondonnés » par la gauche, sacrifiés sur l’autel de la mondialisation, ou « gardiens d’immeubles maltraités » ….

 J.L. Ernis nous décrit une Europe fascisée… ou en voie de le devenir.
Décidément partout, les ouvriers et salariés sont coupables du pire, se pliant face aux fascistes. Facile pour ne pas voir que le danger réel se situe sur le terrain de la destruction des souverainetés, des nations, de la démocratie. Et en cela, point d’extrême droite, mais des institutions bien établies, notamment l’UE, dont Macron et ses députés qu’il aurait sans doute fallu élire pour éviter les députés RN, sont le chantre au nom de la souveraineté européenne.

 Je passe sur l’IVG dont il est question chez J.L. Ernis, en oubliant que ce gouvernement n’a d’autre choix que les appels du pieds aux autres groupes parlementaires, le sociétal à la NUPES, le social au LR et RN.
Mais cela échappe à J.L. Ernis pour qui visiblement Macron est le rempart à tous les maux.

 Je passe aussi sur la partie « femmes de ménage » à l’assemblée pour lesquelles il serait faux de se réjouir.
Décidément… Comment ne pas voir que dans ma vidéo, il n’est pas question d’un espoir au sein de l’assemblée, mais d’une définition de la base électorale des uns et des autres pour indiquer que l’appartenance de classe se retrouve tout autant dans la NUPES qu’au RN et que donc l’appel aux « fâchés pas fachos » est un peu court…

J.L. Ernis finit par polémiquer avec lui-même en évoquant ceux qui voient en « Macron le diable » et en MLP « l’ange en personne ». Pour démontrer la nocivité de la seconde, il évoque le projet de privatiser les chaines publiques. C’est du même tabac que si l’argument « retraites à 62 ans » ou « réintégration des hospitaliers virés en période de Covid » étaient mis en avant pour exonérer MLP du caractère capitaliste de son programme. Et d’expliquer que les élus questeurs RN au sein de l’AN seraient ceux de LREM en remerciement du non vote de la motion de censure NUPES. Mais alors, l’élection de Coquerel à la commission des finances, c’est en échange de quoi ? Car là aussi les LREM auraient pu s’arranger pour faire autrement…

A La Sociale, nous respectons les règles de la démocratie. Nous publions des avis contradictoires. Nous les discutons. Même les calomnies, même les mensonges, les leçons mal placées et illégitimes qui se veulent hautaines, prétentieuses et absurdes.
Décidément, à La Sociale, nous sommes étranges non ?

Jacques Cotta
le 7 juillet 2022

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