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Mais comment peut-on encore être "marxiste" ?

Un livre de Denis Collin

vendredi 19 janvier 2024

Collection : Coup de gueule et engagement
Mise en librairie : janvier 2024
Comment peut-on encore être “marxiste” ?
Denis Collin

LE LIVRE : Le marxisme est mort, vive Marx ! La réalisation du marxisme au XXe siècle sous la forme du communisme historique ou du “socialisme réel” s’est révélée si catastrophique qu’on voit difficilement ce qu’il peut rester des préceptes du grand philosophe. En revanche, les intuitions de Marx et ses analyses du capital se révèlent aujourd’hui d’une grande actualité.
Et pour cause, nous ne vivons pas une époque d’excès du capital financier comme on l’entend partout, mais un temps de pleine réalisation de tout ce que le capital contenait en germe depuis que Marx a écrit son œuvre.

Cet ouvrage se propose d’abord une tâche aussi paradoxale que nécessaire : comprendre les échecs du marxisme à partir de la philosophie de Marx. Pour arrêter la course folle du capital, il faut révolutionner le marxisme lui-même, en le fondant à nouveau frais, sur la liberté et l’universalisme. Denis Collin revisite ainsi l’histoire du mouvement ouvrier et les apports théoriques de Marx à l’aune des luttes d’aujourd’hui : l’écologie, d’abord, que Marx est loin d’ignorer ; les combats des minorités ensuite, qui détournent du combat cardinal, les luttes sociales, et alimentent même bien souvent le capital au lieu de le subvertir. Ses analyses dessinent un nouveau visage du marxisme, réellement émancipateur celui-là. Car il faut le répéter inlassablement : le capitalisme, lui, n’a pas d’avenir.

ET ENCORE : Alors que la gauche n’en finit plus de se diviser, tant sur ses ambitions que sur sa stratégie politique, ce retour critique sur le marxisme prend à bras-le-corps les problématiques politiques actuelles (écologie, questions sociétales, pacte républicain) en leur donnant une assise philosophique nouvelle, à mi-chemin entre Marx et la pensée républicaniste
.
L’AUTEUR :Denis Collin, agrégé de philosophie et ancien professeur en classes préparatoires, est l’auteur de nombreux ouvrages de philosophie, principalement de philosophie morale et politique et de philosophie des sciences. Il a notamment publié une Éloge de la dialectique (Bréal) et À dire vrai (A. Colin).

LA COLLECTION : Coup de gueule et engagement, une collection dérangeante et citoyenne qui aborde les sujets cruciaux de notre société pour redonner la parole et permettre le débat.
Livre broché Format 12 x 17,8 cm 352 pages 19,00 €
Communication/Presse : Alexandre Lécroart - presse.atlande@gmail.com
Éditions Atlande - 1, bd du Château - F-92200 Neuilly-sur-Seine - edition@atlande.eu - 01 46 24 07 15


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Messages

  • Bonjour,
    Je viens de découvrir votre réflexion (sur le marxisme) un peu par hasard (à la suite d’une recension de votre dernier ouvrage sur un forum), réflexion que j’ai trouvée particulièrement intéressante. Et c’est ce qui m’a amené ensuite à ce site et à découvrir quelques autres de vos analyses.
    Je suis tombé aussi sur une citation de Lénine que vous faites, et qui m’a interpellé : à savoir qu’il aurait écrit que l’Etat soviétique est « l’État tsariste repeint en rouge ». J’ai trouvé cette formule très intéressante en raison d’un regard assez lucide porté par Lénine lui-même sur le mouvement de construction étatique auquel il contribuait significativement en tant que dirigeant de l’ "Etat-parti" (formule pourtant un peu caricaturale dans la mesure où l’Etat soviétique se développait encore plus bureaucratique tout en se donnant une image par contre plus démocratique que l’Etat tsariste). Cependant, j’ai eu beau cherché sur internet, je n’ai trouvé nulle source de cette formule ? Vous souvenez-vous d’où vous l’auriez tirée ?
    Si oui, je vous serais très reconnaissant si vous vouliez bien m’en informer. En effet, peut-être pourrai-je alors m’en resservir sans douter que sa validité soit remise en cause par des critiques.
    Je vous en remercie par avance.
    bien cordialement,
    Frédéric A.

  • Je n’ai pas tout à fait terminé le livre de Denis Collin, mais d’ores et déjà je peux dire que c’est un livre important. Je partage beaucoup de ses analyses, mais il y en a quatre sur lesquelles je suis en désaccord.
    1- Bien qu’en effet Marx se soit séparé clairement du déterminisme des modes de production successifs pour les continents hors de l’Europe occidentale- voir les brouillons de sa réponse à Véra Zassoulitch-, il maintient cependant que la seule force , en Europe de l’ouest, qui soit capable d’abattre le capital, c’est bel et bien la "classe ouvrière" , bien entendu enrichie des couches sociales salariées générées par l’évolution du capitalisme depuis 1883 ,date de la mort de Marx et qu’il n’a pas pu analyser. Cela signifie qu’une alliance politique doit etre construite entre la classe des ouvriers et employés, et toutes les couches sociales qui appartiennent au salariat bien que constituant des "classes moyennes" formées et rémunérées par le Capital pour servir ses intérets. Todd l’analyse trés bien, il s’agit de faire de ces cadres, les futurs cadres de la révolution sociale.
    2- Cette alliance stratégique ne peut se faire qu’avec des forces politiques, on les appellera comme on voudra mais l’expression démocratique des peuples ne peut se faire qu’avec des partis ou mouvements politiques. Et il s’agit bien de construire aujourd’hui ce ou ces forces politiques nouvelles puisqu’en effet la "gauche" est morte et ensevelie dans le système politique bourgeois de la "démocratie représentative" !
    3- La lutte des classes existe bel et bien et donc si ces forces politiques conquièrent le pouvoir, elles seront bien obligées de se battre contre les tentatives de maintien et de restauration de leur domination par les forces du Capital et de la bourgeoisie ! Ces classes sociales salariées et leurs expressions politiques devront donc bel et bien se "constituer en classe dominante" (Marx), et maintenir par la force idéologique et la force militaire s’il le faut, leur pouvoir sur la société, c’est ce que Marx appelle "la dictature du prolétariat".
    4-Je suis d’accord sur le fait de se débarrasser de toutes les interprétations erronées du marxisme, mais pas du marxisme lui-meme ! Car c’est bel et bien Marx qui a mis sur la table les moyens intellectuels et pratiques de la liquidation du capitalisme : une analyse économique du capital ( les mécanismes de production de la valeur économique, d’extraction de la plus-value et le processus de baisse tendancielle du taux de profit), une analyse philosophique des moyens de s’en débarrasser( le matérialisme dia-historique), une analyse politique des stratégies possibles(qu’il nomme dictature du prolétariat mais qu’il faut actualiser comme indiqué supra), analyse d’ailleurs enrichie par Lénine. Proner dés lors Marx "sans le marxisme" serait rendre un service insigne à la bourgeoisie , ce que je ne peux croire de Denis Collin.
    Jmichel Toulouse. 6-2-2024

  • Bonjour à tous. Je remercie Denis Collin de ses réponses à mes objections. Je n’ai pas plus que lui l’intention d’initier une polémique sur ces sujets puisque nous sommes deux lecteurs assidus de Marx. Nous avons d’autres choses à faire, car ce qui compte c’est nos combats communs ! Il me semble toutefois que quelques précisions ne seront pas inutiles ; et peut-etre devrions-nous en débattre en d’autres lieux, pour ne pas lasser les lecteurs de La Sociale. Voici ces précisions :
    1-Il n’y a aucune place pour la classe ouvrière dans le Capital, ni aucune thèse ou théorie sur cette meme classe, nous dit Denis Collin. Certes, mais qu’est-ce que le Capital sinon une critique acerbe de la situation qui lui est faite, et une dénonciation implacable de son exploitation ? Il suffit de se reporter par exemple au livre 1, section 2, chapitre 6. La théorie du salariat y est clairement exposée...Et par conséquence celle de la "classe ouvrière".
    2-Denis Collin assimile le projet des classes laborieuses -décrites par Marx- à une sorte de messianisme issu d’une situation de "kénose" christique ; je pense que cette transmutation-hypostasie idéologique est plus le fait des successeurs de Marx et Engels plutot que de ces deux auteurs(je n’ignore pas que Denis Collin connait trés bien Engels, largement sous-estimé par certains "marxistes"). Comment des philosophes matérialistes capables de comprendre la situation réelle du salariat pourraient-ils passer de la stratégie politique au messianisme métaphysique et idéologique, eux qui ,comme l’indique fort bien Denis Collin, ont écrit l’Idéologie allemande et qui savent donc fort bien ce que c’est que l’idéologie ? Eux qui ont créé la première Association Internationale des Travailleurs, et qui ont si bien analysé les structures de classes des sociétés de leur temps et les défaites sanglantes de 1848 ou de 1871 ? Ils n’ont pas besoin de "messianisme", ils savent que "la preuve du pudding c’est qu’on le mange" ...
    3-Quelle est la différence entre un producteur et un ouvrier ? Personnellement je ne vois pas de différence, en précisant bien sur que la "classe ouvrière" ne disparait pas mais se diversifie avec l’évolution structurelle du capitalisme, elle se complexifie et s’est enrichie depuis Marx de toutes ces couches sociales d’ingénieurs, de cadres, de techniciens. Loin de disparaitre, le salariat ne fait que croitre, que ce soit dans les pays dits "développés" ou dans les pays émergents (La classe ouvrière internationale a vu ses effectifs exploser avec l’apport de la Chine, de l’Inde, du Brésil etc...) ; dans les pays "développés", ce que Todd appelle le "prolétariat"(Ouvriers et employés) forme 30 % de la population active, et si l’on ajoute les couches salariées qu’il classe dans le concept flou de "majorité atomisée"( fonctionnaires, employés qualifiés, techniciens, cadres, enseignants, chercheurs, professions de santé...), nous arrivons à prés de 80 % de la dite population active. Et Denis Collin sait trés bien que les "auto-entrepreneurs" ne sont en fait que des salariés sur-exploités (meme la Cour de Cassation l’a reconnu...). La "classe ouvrière" de notre temps existe bel et bien et constitue toujours la force sociologique et politique dont il faut assurer l’hégémonie idéologique. En ce sens, une classe dominée peut trés bien devenir une classe dominante ! C’est meme l’objet précis de la politique pour celles et ceux qui ont choisi leur camp.
    4-Les "classes moyennes" sont en pleine paupérisation, les "dominants-dominés" si bien décrits par Bourdieu se prolétarisent et sont donc susceptibles de changer de camp. Ce processus est meme accéléré par le "techno-féodalisme" décrit par Cédric Durand et qui se traduit par une concentration du capital et donc de la classe qui le possède, et en meme temps par une prolétarisation de tous ses cadres jusqu’ici dominés, soit par des prébendes illusoires soit par une "reconnaissance" (au sens hégélien), qui tendent à disparaitre au bénéfice des logiciels, algorithmes et autres instruments numériques mis au service du seul Capital. Voilà donc la force politique qu’il s’agit de mobiliser en effet. Les anciennes "classes moyennes" sont susceptibles de basculer pour peu qu’on sache les conscientiser et les mobiliser.
    5- Le terme de "dictature du prolétariat " est en effet inapproprié. Marx l’utilisait en se référant à la dictature romaine de 6 mois mise en oeuvre par l’aristocratie foncière quand la plèbe osait se révolter. C’était une pèriode limitée dans le temps, une pèriode de dictature souvent sanglante pour rétablir les privilèges menacés. Marx voulait l’appliquer au bénéfice du salariat dans la pèriode transitoire où le salariat doit "se constituer en classe dominante" ,comme il l’explique dans sa Critique du programme de Gotha. Et on voit bien que toute révolution devra bien en passer par là !
    6- Marx a-t-il une théorie de l’Etat ? je ne suis pas si sur que Denis Collin qu’il n’en ait pas ! Bien sur Marx n’a pas produit un ouvrage ad hoc, comme il l’annoncait, mais il parle et écrit beaucoup sur l’Etat(Je fais le résumé des ouvrages concernés dans mon bouquin La démocratie ne peut pas etre "représentative" de 2022 chez l’harmattan).On voit qu’au contraire, Marx a une théorie de l’Etat ! Il suffit de lire les ouvrages que Denis Collin connait bien : Critique du droit politique hégélien(1843), La question juive (1843), La contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel(1843-1844), L’idéologie allemande(1845-1846), Misère de la philosophie (1847), Le manifeste du PC(1848), Les luttes de classes en France et Le 18 Brumaire(1850 et 1852), La contribution à la critique de l’économie politique(1859),La guerre civile en France(1871), La critique du programme de Gotha(1875), Les brouillons de la lettre à Véra Zassoulitch(1881), sans parler du Capital(Livre 3, tome 3 notamment) ou des Grundrisse, ni de la contribution d’Engels et notamment de son Origine de la propriété privée, de la famille et de l’Etat. On ne peut donc pas dire que Marx n’a pas de théorie de l’Etat.
    7-Je suis bien entendu pour une république sociale, mais il faudra l’imposer par la bagarre ! Le jeu électoraliste ne suffira pas. Il faudra bien soulever les masses. Et la conscience communiste ne vient pas seulement de l’extèrieur. D’ailleurs Lénine ne dit pas seulement cela, il précise que les ouvriers social-démocrates (de l’époque) contribuent à former leurs pairs, cela n’est pas réservé aux "révolutionnaires professionnels" ,ni aux "intellectuels" .Lénine est un praticien de la rupture, il n’a pas eu le temps de devenir le théoricien du processus.
    8- Enfin je voudrais affirmer que la doxa du "dia-mat" n’a rien à voir avec le "marxisme". D’ailleurs Marx lui-meme disait "ne pas etre marxiste" ! Je maintiens que Marx-avec Engels- a mis en oeuvre une sorte de méthodologie de l’initiative historique en actionnant quatre moyens :
    a)la critique du capitalisme par l’élucidation de l’extorsion de la survaleur et l’explication de la baisse tendancielle du taux de profit qui mène à la guerre ; il sous-titre d’ailleurs son Capital par la mention : "Critique de l’économie politique" ;
    b)la méthode dialectique qu’il emprunte à Hegel mais qu’il refonde( Voir la préface à la deuxième édition allemande du Capital de janvier 1873) ;
    c)la philosophie matèrialiste qu’il maitrise dés sa thèse de 1841(il a 23 ans) sur la différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Epicure ;
    d) la méthode historique et sociologique( dont il est le précurseur), ce qui le conduit à se donner les moyens d’une stratégie et d’une lutte politique efficaces ; on peut dire que Marx est un précurseur fondamental des "sciences sociales et humaines" ;

    Voilà pourquoi je suis en désaccord avec Denis Collin sur la conclusion de son livre où il affirme qu’il faut lire Marx "sans etre marxiste". Car pour moi etre marxiste , ce n’est pas revétir l’uniforme de la Tchéka, c’est poursuivre le combat qu’il a engagé avec ses camarades.
    Et ce combat, nous le mènerons aussi avec Denis Collin.
    Jean-Michel Toulouse -10 février 2024.

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