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Les têtes troublées des genristes

mardi 28 novembre 2023, par Denis COLLIN

Les têtes troublées des genristes

On le sait depuis Judith Butler, une des disciples américaines de Michel Foucault, nous en a averti : il y a du trouble dans le genre ! Sont nées de là toutes sortes d’études et de démonstrations bruyantes pour soutenir qu’homme ou femme étaient des catégories dépassées et que seul valait le ressenti. Jamais en manque d’inspiration, LFI c’est même prononcée pour les individus puisse changer de genre à la demande, sur simple déclaration au bureau de l’état civil. Fluidité, liquidité : voilà ce que demande la nouvelle pensée du « genre ». J’ai eu l’occasion de m’exprimer ailleurs sur la question du changement de genre, le vrai, le sérieux, celui qui engage des cures d’hormones et des opérations chirurgicales (voir Transgenre  : un posthumanisme à la portée de toutes les bourses, ma contribution à l’ouvrage collectif La transmutation posthumaniste, publié par QS ?) [1]. Je me contente ici d’une question de vocabulaire.

Genre est un mot qui n’a rien à voir avec la différence ou l’identité des sexes. Genre est un terme classifiant un certain nombre d’êtres ayant des points communs. Toutes les choses qui se ressemblent sont considérées comme générées à partir d’un modèle unique. Par dérivation, un genre c’est un ensemble ou une classe au sens mathématique. En biologie, le genre est une classe de niveau supérieur à l’espèce. Le genre humain désigne couramment tous les homo sapiens vivants actuellement. En fait, le genre homo comprenait plusieurs espèces (Néandertal, Denisova, etc.), quoique ce concept d’espèce soit très critiqué maintenant.

On utilise aussi le mot « genre » en grammaire. Mais le genre grammatical n’a rien à voir avec le sexe, ni avec les rapports sexuels, ni avec la façon dont chacun « se sent ». Les exemples abondent qui le prouvent. Le soldat est la sentinelle de la caserne ! Le membre sexuel masculin est souvent du féminin (la bite) et le sexe féminin est souvent masculin (le con), mais d’autres mots peuvent être utilisés. En italien, pour dire « quel con ! » on dira « che cazzo » (ce que l’on pourrait traduire par quelle bite !). En déduira-t-on que les Italiens sont moins machos et patriarcaux que les Français. La prétendue écriture « inclusive », pratiquée à l’Université et dans la recherche et chez les militants « de gauche » se fonde pourtant sur cette idée : masculin et féminin sont homme et femmes et les préfets deviennent les préfèt. e. s. Celui dont ne connaît pas le genre, puisqu’il ne se l’est pas encore attribué lui-même doit être désigné par le pronom personnel « iel ». Etc. etc. La bêtise et la folie de ces gens sont sans bornes. On a entrepris, avec la complicité des nouveaux enseignants décérébrés de formater les petits en leur enseignant qu’ils ne doivent pas être transphobes et que si une petite fille se sent petit garçon, on a des solutions médicales pour elle. Ici, on passe de la folie à la maltraitance des enfants. Les Mengele formatés new age peuvent s’en donner à cœur joie. Il est très curieux de voir tous les pourfendeurs de la souffrance animale prêts à couper des pénis et des seins chez les humains, tous les défenseurs de la nature prêts à faire des humains des animaux dénaturés…

Disons-le vite : toutes ces histoires sur le transgenre, le genre, le trouble dans le genre et la transphobie font partie de cette épouvantable bouillie qui a ravagé les cervelles de bon nombre de nos contemporains. Cela participe de la destruction de la langue dont savent si bien user tous les totalitarismes (la novlangue prétendument inclusive s’apparente de très près à celle imaginée par Orwell dans 1984. Le fameux « trouble dans le genre » n’est rien d’autre que la confusion dans laquelle les postmodernes ont jeté la pensée, avec évidemment le plaisir non dissimulé de Sa Majesté le Capital [tiens ! une majesté est souvent suivie d’un masculin] qui se repaît d’indistinction, car, au royaume de la marchandise, tous les humains sont ramenés à la commune mesure de l’équivalent général, un humain sans qualité. Que le principal parti [LFI] qui reste de ce qui fut « la gauche » soit complètement intoxiqué par ces sottises en dit long sur l’état irrémédiable d’un mouvement en fin de vie.

Le 28 novembre 2023


[1Il existe une version espagnole de cet article : Transgenero, un posthumanismo al acance de todos los presupostos, avec une préface de Lidia Falcòn, une militante féministe historique en Espagne.