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Et si la question de la sécurité était une véritable escroquerie ?

jeudi 11 janvier 2024, par Jacques COTTA

Juste avant le remaniement ordonné par Emmanuel Macron, le ministère de l’intérieur a publié les chiffres annuels du nombre de coups et blessures en France recensés par les services de police et de gendarmerie. Des chiffres officiels devant nourrir le débat sur l’insécurité, vieux fond de commerce des Ciotti ou autres Le Pen, et aujourd’hui des Darmanin, Macron et Attal qui enfourchent cette monture pour faire oublier la politique économique et sociale catastrophique qui prépare le terrain à Marine Le Pen pour les prochaines échéances.

J’ai durant longtemps considéré que la « gauche », ou ce qui se baptise comme telle, était coupable en opposant « le sentiment d’insécurité » à la légitime préoccupation sécuritaire des français. Je pense que le problème se pose en fait différemment. Elle est coupable en se montrant incapable, comme la plupart des défenseurs des droits de l’homme, d’entrer dans une discussion qui mérite d’être menée sérieusement, chiffres à l’appui.

Que disent les chiffres ?

A première vue ils sont absolument terrifiants.
Le nombre de coups et blessures est resté stable de 2008 à 2016, autour de 220 000 par an, nous dit le ministère de l’intérieur, puis il a fortement progressé pour atteindre 350 000 en 2022. Ce sont ces chiffres qui sont utilisés pour nourrir le débat sur la hausse de l’insécurité.

350 000, de quoi faire craindre une agression au coin de la rue, à la porte de son domicile.
350 000, c’est énorme n’est-ce pas ?
Les médias peuvent en faire des gorges chaudes, rabâchant en permanence le moindre fait divers histoire de vendre papier, radio ou télé aux bonnes gens terrorisées.

Pourtant, au risque de choquer, ces 350 000, ça fait assez peu, même si c’est trop de toutes les façons.

Ca fait assez peu car cela signifie, ramenés à la population de nos grandes villes, par exemple :

-> pour Marseille, seconde ville de france composée de 870 000 habitants 12 faits journaliers.
-> pour Toulouse, composée de 504 078 habitants, 7 faits journaliers.
-> pour Nice, composée de 446376 habitants, 6,3 faits journaliers
-> pour Lille, composée de 237 654 habitants, 3,3 faits journaliers.

De plus, selon le ministère lui-même, les chiffres publiés ratissent très large, rassemblant des faits très hétéroclites, des homicides à la falsification de documents d’identité en passant par des cambriolages ou des violences conjugales dont il est d’ailleurs périodiquement question.

Alors, au risque de choquer, ces 350 000, ramenés à la réalité et à la vie des français, ç’est évidemment toujours trop, mais ça fait peu !

La question de la sécurité en général est un bon cheval de bataille car :
 cela fait peur
 cela donne une posture responsable à tout discours de fermeté répressif.
 cela permet de ne pas parler en particulier de la spécificité de tel ou tel territoire ou quartier dans lesquels la drogue, la ghettoïsation, ou la communautarisation rendent la vie insupportable.
 cela évite enfin de parler de la véritable insécurité qui passe loin en arrière plan, l’insécurité sociale notamment qui touche des dizaines de millions de français.

Et si, toute importante que soit la question sécuritaire, même relativisée, remise à sa juste place, elle permettait de ne pas parler de l’essentiel ?

Jacques Cotta
le 11 janvier 2024

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