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Première leçon de la catastrophe qui a touché la Roya

samedi 10 octobre 2020, par Jacques COTTA

L’Etat de choc, de souffrance, de restrictions, la période de deuil pour certains, les conséquences de catastrophes comme celle qui a frappé le sud-est au dessus de Nice, notamment dans la vallée de la Roya, ne sont jamais propices, à chaud, pour tirer des leçons politiques qui pourtant s’imposent. On trouvera ici des images qui illustrent l’ampleur du drame, mais aussi ce à quoi j’ai pu assister sur place, à quoi j’ai pu activement participer.

Après avoir posé la pelle pour déblayer la boue sur la place ou les rues principales, après avoir surmonté un sentiment partagé de détresse et d’impuissance devant un spectacle apocalyptique — maisons embarquées, routes démontées, ponts effondrés — le moment est venu d’aborder les premières leçons qui concernent non seulement la situation locale, mais la vie de la Nation dans son ensemble.

  • On dit des Français qu’ils sont égoïstes et individualistes. Et bien là, comme dans chaque catastrophe les mêmes ressorts qui mettent à bas l’idée d’un individualisme forcené font leur apparition. Les français sont solidaires lorsque la situation de toute évidence l’exige.
  • La théorie libérale de l’état est battue en brèche. Emmanuel Macron aujourd’hui, comme Hollande ou Sarkozy hier, a la volonté affirmée, conformément à la volonté de l’UE, de réduire l’état au nom de la liberté d’entreprendre et des économies à réaliser. Rappelons nous tous ces discours sur les services publics trop couteux, sur le nécessaire dégraissage, sur cette fonction publique parasitaire. Rappelons nous les licenciements, les suppressions de postes, les démantèlements, rappelons nous tous ces discours aussi sur le coût excessif et la nécessaire rigueur qui ne devait épargner personne parmi les professions pourtant les plus utiles à la collectivité. Ces discours partagés par tous les libéraux sont bien battus en brèche.

Il suffit de voir les membres de la fonction publique territoriale qui se battent déjà pour déblayer et reconstruire. Il suffit de côtoyer les pompiers venus de plusieurs villes du sud-est en action., ceux-là même que la police matraquait hier sur ordre parce qu’ils osaient manifester pour une retraite décente comme la plupart des français. Il suffit de voir aussi les forces de gendarmerie assurer la logistique, une autre image que celle donnée par le pouvoir lorsqu’il s’en sert comme d’une milice privée, pour se convaincre de la puissance et de l’utilité des corps de l’état, pour peu qu’ils soient mis au service de l’intérêt général, des citoyens et du bien commun.

Après le covid qui a mis à jour la situation catastrophique dans laquelle les politiques libérales ont plongé le service public hospitalier, les tempêtes du sud mettent en avant tous les services publics et le sort qui leur est réservé. Service public ou privatisation, voila ce dont dépend notamment la survie collective, tout simplement. Le train, seul à pouvoir relier des communes coupées de tout, apparait comme une nécessité alors que les gouvernements successifs, conformément aux directives européennes, ont tout fait, et font tout, pour le réduire encore et toujours. Mais aussi, sujet sensible dans les zones sinistrées, les barrages et centrales hydroélectriques dont la privatisation est engagée toujours conformément aux directives européennes, par le pouvoir de monsieur Macron et Castex, passant ainsi sous le joug du privé, et entrant dans une gestion plus conforme à l’accumulation du profit qu’à la satisfaction des besoins élémentaires de la population.

Emmanuel Macron vient de faire le déplacement dans les zones sinistrées pour tout promettre, pour prendre tous les engagements. Normal, n’importe qui à sa place, soucieux de son image, ferait de même. Peut-être même y croit-il lui même. Peu importe. Dans la Roya comme dans toute la France des voix se feront entendre pour ramener tout ce beau monde aux réalités sociales et humaines qu’ils prendront soin, avec le temps, d’oublier.

Jacques Cotta
le 10 octobre 2020

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