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« La fiancée du pirate »

lundi 31 janvier 2022, par Gilles CASANOVA

« La fiancée du pirate »
Le moment que nous vivons me fait peur.
Je n’ai pas peur des histrions qui s’agitent sur nos écrans en racontant chaque jour quelque chose de différent et de plus absurde, prétextant que l’on va échapper à la mort parce que l’on ne boit pas son café debout, que l’on peut s’entasser dans des escalators du métro mais pas prendre des remontées mécaniques, que l’on peut aller de Paris à Lyon en 5 heures mais pas en 2 heures selon que l’on est ou pas titulaire d’un QR code qui témoigne qu’on a obéi à des injonctions changeantes, j’en passe, et de pires.
Eux font pitié, ils font rire souvent, mais au fond nous avons dans quelques semaines l’occasion de nous en débarrasser tout à fait, et faire que des gens qui ne sont ni de droite ni de gauche, parce que ce sont simplement des voyous, retournent, qui à son jeu de poker, qui à ses petites combines de banquier narcissique, qui à son néant abyssal…
Non, ce qui me fait peur c’est ce que cette période engendre, ce que l’effondrement des valeurs de la société, à partir d’une peur inconsistante, pour un virus dont nous savons maintenant que la nocivité a toujours été modérée : la population française a augmenté pendant cette période, l’espérance de vie a augmenté pendant cette période, si c’était la Peste noire ou la Grippe espagnole, nous n’aurions pas ce résultat, avec 2 % des hospitalisations et 5 % des réanimations, nous ne sommes pas en face d’un phénomène d’une exceptionnelle gravité du point de vue médical, ce qui me fait peur c’est ce dont cet effondrement est gros.
Si nous ne sommes pas en face d’un phénomène d’une exceptionnelle gravité du point de vue médical, en revanche nous sommes en face d’un phénomène exceptionnel du point de vue de la civilisation.
Vous avez pu voir en direct sur vos écrans, dans le discours de vos voisins, dans les échanges à la machine à café ou dans la rue, comment les choses ont pu se passer en Juin 1940 dans la tête des gens de ce temps-là, le processus est rigoureusement le même. Des choses que l’on ne pensait jamais revoir, parce que l’on pensait qu’on était dans une société instruite, dans une société qui avait des valeurs, des règles, des traditions, une certaine morale, et une connaissance des ornières du passé, tout cela saute en l’air, comme un bouchon de Champagne, à partir du moment où un flux médiatique incontrôlé leur raconte qu’ils vont mourir, mais ils ne le savaient donc pas qu’ils allaient mourir un jour ou l’autre ?
Mais probablement pas par la faute du seul Covid, on voit que c’est moins de 20 000 morts au Royaume-Uni et probablement un chiffre comparable dans les autres grands pays européens, dont le nôtre.
Mais ces peurs ont suffi pour que des gens vous disent qu’on devrait laisser mourir les rares non-vaccinés, devant la porte de l’hôpital, parce qu’ils n’ont pas obéi aux décisions gouvernementales, alors que dans le même temps les autorités vous disent que ce n’était pas vraiment un vaccin parce qu’il ne protège pas des contaminations ni de la maladie, mais que c’est une sorte de médicament qui évite que ça devienne trop grave.
Et comme en Juin 40 le miroir s’inverse, celui qui lance un appel pour laisser mourir devant la porte des hôpitaux, c’est un ancien dirigeant d’extrême-gauche, un professeur de médecine qui s’est battu contre le saccage de l’hôpital, en son temps, mais qui maintenant, devenu vieux, propose de saccager des vies humaines…
Après tout, Hubert Lagardelle qui s’était battu contre les dirigeants socialistes et cégétistes au début du XXe siècle – lui qui était syndicaliste révolutionnaire – parce qu’il était plus à gauche qu’eux, notamment lors de la constitution du Parti socialiste en France en 1905 par Jean Jaurès et Jules Guesdes, qui leur reprochait d’être des intellectuels trop éloignés de l’ouvrier, ne s’est-il pas retrouvé ministre du travail… du gouvernement Laval, sous l’autorité de Pétain. Avec une parfaite bonne conscience puisqu’il dirigeait « En même temps » une publication collaborationniste au nom charmant : « la France socialiste ».
L’effondrement de la confiance dans les médecins, qui pensant leur quart d’heure de gloire arrivé, se sont pressés sur les plateaux de télévision pour dire n’importe quoi, soutenir n’importe quelle folie, et dire le contraire ensuite, c’est un effondrement majeur dans une société.
J’ai revu, il y a quelques jours sur mon fil d’actualité Facebook, les publicités montrant des femmes enceintes encouragées à fumer, des médecins conseillant la cigarette pour les maux de gorge, cela m’a rappelé les nombreux prix Nobel américains qui ont préféré plaider coupable pour reconnaître qu’ils avaient accepté de l’argent des cigarettiers pour déclarer que le tabac ne faisait pas de mal, dans le but d’éviter de payer de trop grosses amendes et d’avoir éventuellement des condamnations à la prison.
C’est de cet épisode, à mes yeux, que date le début de l’effondrement de la confiance dans le discours scientifique, mais un point tournant est la crise que nous vivons en ce moment, qui n’est pas sanitaire, qui est politique, économique et civilisationnelle.
Regardez toutes les études qui sortent ces derniers mois, encore plus ces dernières semaines, alors que nous avons 93 % de vaccinés, 500 000 contaminations par jour, et que chaque jour même la Pravda est obligée de reconnaître que le nombre de personnes en réanimation diminue, que progressivement les pays voisins renoncent à toutes les mesures d’exception prises dans ces deux dernières années, alors qu’ici, elles sont non seulement confortées mais durcies. Et que comme lors de chaque vague, un établissement curieux – mais proche des grandes firmes pharmaceutiques et de leur actionnaire principal unique – établissement curieux dénommé « institut Pasteur » annonce 500 000 à 600 000 morts pour chaque « vague », on devrait logiquement en être à 2,5 millions de morts… où l’on pousse – sous peine d’interdiction de la vie sociale – les feux de la troisième dose, de la vaccination des enfants, et que l’on regarde avec gourmandise vers la quatrième dose, non seulement contre l’avis de l’Organisation mondiale de la santé, mais aussi de l’Agence européenne du médicament.
Que nous disent toutes ces études ?
La lassitude l’emporte pour 63 % des français interrogés, mais elle vient devant la colère, avec 35 % et la tristesse avec 34 %, mais si l’on regarde dans le détail, on voit que les personnes qui ont moins de 50 ans se reconnaissent dans la colère à plus de 40 %.
Cela nous montre une société qui en apparence accepte toutes les folies les plus ubuesques, où personne n’ose dire à la machine à café ce qu’il pense, devant la terreur permanente répandue par le système médiatique Unique, mais une société qui dans son tréfonds, pour les moins de 65 ans en tout cas, est prête à exploser.
Et là, on peut avoir peur. Car on sait maintenant à partir de l’expérience du siècle passé, que ces explosions, si elle consolent leurs acteurs des vexations, des humiliations, de la soumission, et de tout ce qu’on leur a imposé, engendrent toutes sortes de phénomènes désordonnés qui peuvent aboutir à pire que la situation antérieure. Que l’on observe l’évolution de la Révolution d’octobre, de la Révolution chinoise, et d’autres événements de moindre ampleur mais comparables dans leur structure.
Lorsque j’écris sur ma page Facebook quelque chose de négatif à l’égard d’un responsable politique, je constate que, de plus en plus dans les commentaires, est développée l’idée que tous les politiciens sont des sales gens, sans exception. il y a même eu quelqu’un, qui se pense probablement sincèrement à gauche, pour dire qu’un parlementaire « ça parle, ça ment, et ça ferait mieux de se taire » c’est-à-dire le mot d’ordre de l’extrême droite française le 6 février 1934, celle qui fournira le programme antiparlementariste de la Collaboration une fois les troupes de la Wehrmacht installées sur le territoire national.
Renvoyant les responsables politiques honnêtes qui essaient de se battre, dos au mur, contre la folie actuelle, aux mêmes poubelles de l’Histoire que les princes qui nous gouvernent…
Et lorsque j’explique que seule la démocratie, le débat public, la République peuvent nous permettre de revenir dans une société qui réponde aux attentes de ses membres, on me dit que je ne suis qu’un politicien comme les autres et éventuellement on m’insulte… et on conclut en me reprochant ma nature intrinsèque de baby-boomer.
Et au fond, tout cela a une certaine logique, regardez le spectacle de décomposition que donne la gauche, et en partie la droite traditionnelle, regardez le spectacle à vomir que donnent ces médecins de plateaux-TV, ces faux scientifiques, et jusqu’à ce Conseil constitutionnel et ce Conseil d’Etat, chargés de défendre les libertés publiques contre les abus éventuel des gouvernements !
Ce spectacle de confusion des intérêts privés et des responsabilités publiques.
C’est ainsi que l’on a vu la malheureuse dame de compagnie de la Reine de France, la princesse de Lamballe, traverser Paris sous les viva et les quolibets mêlés, alors qu’il ne restait plus d’elle que sa tête brandie sur une pique. Est-ce un symbole de l’humanité ? On peut en douter. Est-ce une expression de la colère de la tristesse et de la lassitude devant les excès de l’aristocratie et du pouvoir royal : bien entendu !
Ces tricoteuses qui criaient – depuis les tribunes du public – « la mort ! » dès que se présentait devant la représentation nationale une personne qui était accusée par tel ou tel t’avoir dévié de la voie révolutionnaire pendant la Révolution française, c’est cela que nous verrons s’il n’est pas mis fin rapidement à toutes ces folies, pour retrouver une vraie démocratie, retrouver la République à la fois comme perspective et comme réalité.
Malheureusement, je ne vois aucune formation importante dans le pays qui se fixe cette perspective, je n’entends que des discours grotesques et des mesurettes économiques qui ne prennent aucunement la mesure de la situation dramatique dans laquelle nous nous trouvons, et tout laisse à penser que le « Great Reset » voulu par Davos va continuer à se mettre en place, machine infernale sourde aux peuples, qui produira de terribles convulsions.
Nous sommes dimanche et tout cela me tourne naturellement vers une chanson que je vous propose d’écouter et qui illustre ce propos. La plus opprimée des opprimées imagine voir arriver le Pirate qui avec son bateau va tirer sur la ville et en devenir le maître absolu et dont elle sera la maîtresse, et lorsqu’il lui demandera lesquels de tous ces hommes qui étaient au pouvoir précédemment, elle souhaite épargner et lesquels elle considère nécessaire de tuer elle répond : « tue les tous ! » et ajoute « à chaque tête qui tombera je battrai des mains ».
Voilà.
La musique est de Kurt Weill, les paroles de Bertolt Brecht, elles ont été écrites en 1928. La traduction française est d’André De Mauprey, c’est L’Opéra de quat’sous, et la chanson qui en est extraite a été enregistrée pour la première fois aux débuts du microsillon par la jeune Juliette Gréco en 1953.
Le dimanche, avec plus ou moins de succès, mais pour le plaisir de quelques aficionados, je diffuse une musique sur cette page.
Je vous propose d’écouter, aujourd’hui, Juliette Gréco qui chante « La fiancée du pirate » :
https://youtu.be/tprEtZmuFx0

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