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J’écris ton nom, liberté.

jeudi 2 février 2023, par Denis COLLIN

La tâche semble insurmontable, tant les puissants semblent tout-puissants. Nous sommes face à un gouvernement, celui de Macron, qui ne tient aucun compte des protestations populaires, ment effrontément et se prépare à faire passer en force sa « réforme » des retraites. Avant d’aborder la suite : la sécurité sociale, la fonction publique et bien d’autres mauvais coups encore qui sont des cartons des brigands qui nous gouvernent. Ce même Macron vend par petits bouts l’industrie du pays et fait bloc derrière ses patrons américains dans un conflit qui nous mène droit à la guerre européenne. Des millions se dressent contre lui, mais ne semblent pas pouvoir l’arrêter.

On les appelait jadis les deux super-grands. Ils sont moins grands aujourd’hui face aux puissances montantes. Mais ils continuent de s’affronter. La Russie et les États-Unis d’Amérique se mènent une guerre féroce sur le territoire de l’Ukraine. On croyait, jadis, que c’était l’affrontement de deux systèmes sociaux incompatibles. On voit aujourd’hui qu’il n’en est rien. Poutine, l’un des hommes les plus riches du monde, et ses oligarques préférés sont complètement ralliés au capitalisme. L’appétit de puissance est plus fort que tout. En l’occurrence, il s’agit de deux anciennes superpuissances dont le déclin est irrémédiable. À la sortie du conflit, ils seront tous vaincus. Mais qu’importe ! Les millions de gens qui souffrent de cette folie ne comptent pas.

En Iran, chaque jour apporte ses mauvaises nouvelles. Combien de jeunes femmes, mais aussi de jeunes hommes, sont arrêtées par l’ignoble police des mollahs. Les récits d’horreur succèdent aux récits d’horreur. On peut espérer que ce régime sanguinaire sera renversé, mais pour l’heure il tient. Comme tient celui des talibans à Kaboul, incapables de faire autre chose que réduire la population à la famine et interdire l’instruction des filles.

Que pouvons-nous faire ? Assister, impuissants, aux horreurs que perpétuent tous ces gouvernements dont pas un ne pourrait racheter l’autre ? Enterrer définitivement nos espoirs dans le progrès humain et se contenter de « cultiver son jardin » ? Jorge Semprun aimait à dire « J’ai perdu mes certitudes, mais gardé mes illusions ». C’est une bonne formule. Nous n’avons plus de certitudes dogmatiques, de celles qui nous ont portés, mais aussi aveuglé. Mais nous avons besoin d’espérer. Cette espérance est poussée par l’irrépressible aspiration à la liberté. Plus que tout, c’est de cela que nous parlent les jeunes Iraniennes qui brûlent leur tchador au risque d’être emprisonnées, torturées et tuées. Mais c’est aussi ce que réclament les classes populaires en défendant cette part qui leur appartient pleinement qu’est la retraite. C’est aussi ce que demandent les peuples qui veulent pouvoir se déterminer eux-mêmes et non être le jouet des grandes puissances.

Le socialisme n’a de sens que s’il donne forme à l’aspiration des travailleurs à être leur propre maître et à n’être plus soumis aux caprices du patron et à l’insatiable cupidité du capital. Être libre, c’est être libre de vivre comme l’entend, protégé de toute ingérence arbitraire tant de l’État que de n’importe quelle institution ou organisation, libre collectivement dans la vie politique — n’obéir qu’à la loi qu’on s’est donnée soi-même, disait Rousseau.

Les capitalistes réclament la liberté pour eux-mêmes et le servage pour les autres. Il est plus que temps de relever ce drapeau de la liberté et d’ordonner toute l’action politique autour de cet axe.

Le 2 février 2023 — Denis Collin