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Le Macronisme, une sorte de fascisme inédit

lundi 1er juin 2020, par Jacques COTTA

Sur les rayons de l’histoire, le fascisme correspond à une définition bien particulière. Il n’est pas synonyme d’autoritarisme, de discrimination ou de racisme, assimilation qui a conduit les milieux de gauche notamment à utiliser ce qualificatif à tort et à travers durant des années, quitte à en banaliser le contenu. La fascisme c’est tout autre chose que nous pouvons aujourd’hui analyser à l’aune du macronisme qui se révèle comme une sorte de fascisme totalement inédit.

Le fascisme correspond à une forme de domination du capital qui dans une situation extrême a besoin de détruire physiquement les organisations ouvrières, les syndicats, les associations, les partis, les militants. Lorsque la bourgeoisie ne parvient plus à désamorcer les contradictions explosives de la société, ce sont les bandes armées qui doivent assurer l’essentiel, la centralisation du pouvoir d’État, la destruction des conquêtes ouvrières, la liquidation des organisations ouvrières et démocratiques, l’anéantissement des syndicats, des associations, des partis. La dictature militaire et policière permet de démoraliser, de martyriser, de torturer, de harceler tout opposant. Pour exister, pour durer, pour remplir son rôle, un mouvement fasciste doit de plus obtenir le soutien actif d’une partie significative du capital. Il faut à un mouvement fasciste avoir testé son efficacité dans des épreuves de force contre le monde salarié, contre le monde ouvrier.

Aujourd’hui le fascisme à nul besoin de bandes armées chargées de détruire les organisations politiques ou syndicales pour détruire les conquêtes ouvrières. Les gouvernements qui se sont succédés, Les pouvoirs politiques, les directions successives s’en sont chargées. Les partis sont atomisés. Les syndicats sont minorés, intégrés à l’union européenne qui interdit toute réflexion ou action indépendante. L’approbation dernièrement du plan de BCE et de l’UE par les responsables de la CGT, de FO, de la CGC et de l’UNSA, sous la houlette de la CFDT, « pour répondre à la crise sociale consécutive à la crise sanitaire », vient confirmer le diagnostic.

Le macronisme ne dispose donc pas de bandes armées propres à tout régime fasciste. Mais la violence d’État caractérise le macronisme. Elle s’abat sur les travailleurs dés lors qu’ils expriment leurs revendications. Depuis le mouvement des Gilets jaunes, la police, mais également la justice avec la magistrature, font preuve d’un zèle digne de tout régime dans lequel les libertés démocratiques ont été bannies.

Les lois successives rabattent les libertés au compte de l’ordre social voulu, exigé par le capital. Les lois d’urgence successives, de Hollande à Macron, mais aussi leurs compléments, les lois Avia, les lois fichages, celle autorisant la gendarmerie à confectionner des listes liées aux opinions politiques ou religieuses ou celle liée au traçage téléphonique, la loi interdisant de dénoncer la violence policière, de filmer les exactions, la loi qui assure l’impunité des « bandes armées officielles », se succèdent à la vitesse de la lumière.

La crise sanitaire a été mise à contribution. L’auto régulation imposée aux citoyens, la peur du virus largement diffusée et la répression contre tout récalcitrant ont été une formidable école de la soumission volontaire que le gouvernement compte mettre à profit.

Emmanuel Macron personnifie la volonté du capital qui l’a porté au pouvoir. Peu importe le vrai, peu importe le sensé, peu importe la compétence. Ce qui compte aujourd’hui sous la macronie est le pouvoir assuré du capital contre toute tentative de remise en question, par tous les moyens, les plus violents y compris.

Il a été de bon ton, voila plus de deux ans, pour une partie importante de l’électorat, de gauche notamment, de voter Macron, puis de le rallier, officiellement « pour éviter le danger fasciste Le Pen ». Mais il faut être lucide. Le capital a fait son choix. Il est mille fois mieux servi par Macron et consorts que par la responsable du RN. C’est Macron qui incarne le mal dénoncé hier. Les questions sociétales, PMA, GPA ou autres, mises en avant pour donner le change n’y pourront rien. Sur la domination politique, sur le rapport de classes, sur les méthodes utilisées, sur la remise en cause des libertés élémentaires, Macron occupe la fonction contre laquelle officiellement il était candidat, et pour laquelle il compte lorgner sur un deuxième mandat.

Le macronisme, une forme de fascisme inédit ? Nous y sommes, voilà tout !

Emmanuel Macron s’inscrit dans le déni de démocratie qui a vu se réaliser en France un véritable coup d’état lorsque le congrès réuni à Versailles décidait d’adopter le traité constitutionnel européen que le peuple français avait rejeté en 2005. Il en est le produit, regroupant autour de lui la gauche et la droite européiste qui préfèrent la mondialisation capitaliste aux intérêts de la nation et du peuple français.

Voila aussi pourquoi toutes les forces politiques, syndicales, associatives demeurées attachées aux libertés démocratiques et aux droits et acquis sociaux telle la santé que la macronie remet en cause aujourd’hui comme hier, devraient se rejoindre, par delà leurs divergences, pour la défense de la démocratie, des libertés, des droits et acquis sociaux, pour l’abrogation de toutes les lois qui se mettent en travers.

Jacques Cotta
Le 1er juin 2020

Messages

  • Ce système existe déjà et il est certainement pire que le fascisme . Le fascisme ne dure pas , ou du moins n’a jamais duré . Le fascisme a traditionnellement une base populaire dans un Parti de masse . Or le macronisme n’a pas de base populaire et n’est pas un Parti de masse , il n’a pas non plus les mêmes mots d’ordre .

    Par contre , le national catholicisme est tout aussi autoritaire , anti ouvrier et anti démocratique et il a duré , au moins autant que le néolibéralisme . Il a même secrète l’ideologie Dont se pare le néolibéralisme , construite et inspirée par l’Opus Dei et reprise par par l’ecole Libérale de Chicago . Plus besoin d’un parti populaire de masse payé par la bourgeoisie , les basses besognes sont faites par les institutions d’Etat , payées par tous y compris p ar ceux qui en seront victimes . L’Etat n’est plus qu’une propriété de la classe dominante « un Conseil d’administration de ses affaires courantes « . La milice n’est plus privée elle est de l’Etat , propriété privée . Le national catholicisme est le parti de la grande bourgeoisie , de l’oligarchie , de la police et de l’armée .D’ailleurs ce n’est même pas un parti politique , simplement un système appartenant à ceux qui en tirent profits et contrairement au fascisme , il peut durer longtemps , jusqu’a La barbarie . Après ? On sait pas .

  • Simplement merci à vous, M. Cotta, pour cette analyse claire.

  • Remarquable analyse de l’asservissement au capital. Les lois anticasseurs, les lois anti terroristes, le plan Vigirate nous ont accoutumé aux armes de guerre dans les rues, dans l’esprit d’une vague menace entretenue et des mesures d’urgence, toujours l’urgence qui avec la peur permet de tout accepter, de tout voter, comme tout le monde est bien sûr Charlie. Et maintenant le virus est une occasion en or pour le pouvoir d’aller encore plus loin dans le contrôle social étroit, l’aplanissement ou la marginalisation de toute opposition sérieuse, reviendra alors la casse sociale après une tactique de lâcher du lest très provisoire. Il y aura des Grenelles, des plans Ségur et des machins qui amuseront la galerie. Mais il y aura surtout des réveils douloureux car no’t bon maître si détesté saura pourtant être réélu jubilant avec 20% des voix pendant que chaque cabotin de gôche eurocompatible ira gonfler son jabot au 1er tour de la présidentielle pour revenir auprès des "camarades" avec 3 ou 5%.

  • La base populaire du macronisme existe et s’étend aux cadres , mais elle s’effrite au fil de résultats qui peuvent décevoir de nombreux électeurs.
    Ce qui est peut être spécifique, c’est le rôle des Institutions qui jour après jour , depuis Jospin et son inversion du calendrier électoral, ont pu installer en toute légalité formelle et progressivement, une forme de fascisme basée sur le mensonge et la perte de contrôle démocratique sur une majorité fabriquée de toutes pièces . Sarkozy a accéléré ce processus, Hollande l’a rendu routinier . Macron est l’ héritier de cette perversion et a su en user , d’autres suivront s’il n’est pas mis un terme à cet aberration institutionnelle.

  • C’est pas tout à fait exact, en ce qui concerne la CGT qui est resté un syndicat de défense des salariés
    et c’est grâce à elle si les retraites non pas été capitaliser et coté en bourse, par contre c’est vrai que la CGT a fait une grosse erreur en adhérant à la CES qui est un syndicat de complicité à cette Europe capitaliste.

  • Il faut relire le livre "Industrialisation et technocratie" (Armand Colin) , compte-rendu de la "Première semaine sociologique" en 1948,sous l’égide du Centre d’étude sociologique créé par le CNRS. On y découvrira la description de ce que nous vivons aujourd’hui, qui prend sa source dans le mouvement technocratique né au lendemain de la première guerre mondiale et qui a trouvé sa première application dans le nazisme. Cette forme de fachisme porte un nom, la techno-dictature

  • Peut-être l’ai-je déjà signalé ici mais lorsque que désignais ("Sors d’ici Jean Moulin") la bande squattant le pouvoir comme étant les "nouveaux collabos" de la nouvelle "souveraineté européenne", je devais trimballer encore quelques débris de naïveté : je voyais le régime du petit-Pétain-nouveau en train de s’élancer vers Vichy alors qu’il avait déjà atteint les proches faubourgs...On ne s’étonnera donc pas qu’il puisse "en même temps" s’adonner aux commémorations ("ils" aiment tous ça) en souvenir des Poilus et Résistants...et rendre une "zone transfrontalière" à l’Allemagne. Mais la "souveraineté européenne" méritait bien ça ! Pétain et Laval peuvent être fiers de leurs descendants...
    Méc-créant.
    (Blog : "Immondialisation : peuples en solde !"http://Immondialisation-peuples-en-... )

  • Merci aux gilets jaunes de s’être réveillé et d’avoir réveillé le monde du travail ! La CGT comme la majorité des syndicats , s’est malheureusement vendue à la CES ... Et dans ce carcan oublie les travailleurs au profits au des G.O.P.E . Il faut sortir de l’UE et rejoindre la F S M

  • ,je cite tes phases , "il est mille fois servi (le capitalisme)par (Macron ) et consort que par les responsables du RN ".Attention cela pourrait laisser sous entendre beaucoup de chose en particulier que le RN pourrait être une solution , à la crise et Macronadictature dans laquelle nous vivons ,le populisme , mal géré et mal compris peut mener à l’extrême droite CF Salvini en Italie. "Macron incarne le mal" ..... pour le reste ça peut aller , mais fait attention à ne pas tomber de ton siège.cordialement Chris

  • Les penseurs médiatiques et les faiseurs d’opinion regardent dans le rétroviseur : ils ne voient de fascistes que dans les ligues d’antan et l’OAS en passant par Pétain, Laval & Co... Avec l’excroissance pittoresque de JMLP plus ringard que menaçant.

    Le néo-fascisme de Macron, poli en apparence mais rugueux dans ses pratiques, semble échapper à la plupart des commentateurs : du mépris des élus et des corps intermédiaires aux énucléations et mutilations destinées à terroriser des opposants en toute connaissance de cause, de l’enfermement de tout un peuple sous contrôle policier au projet d’instaurer une dictature numérique comme en Chine...
    Des mesures liberticides toujours "provisoires", prises dans l’intérêt général !

    Ce fascisme à visage humain, du moins quand on ne le contrarie pas trop, n’a pas à craindre d’être confronté à ses mauvaises décisions, ses dérobades et ses mensonges (pour le bien public évidemment !) puisqu’une grande partie de la population anesthésiée par les prédictions apocalyptiques sur le réchauffement puis sidérée par la pandémie s’est résignée à accepter une perte de ses libertés fondamentales sans se rebiffer. Pour obtenir en échange une promesse illusoire de sécurité !

    C’est à l’aune de ce critère de renonciation autant qu’à l’autoritarisme, la répression féroce des dissidents et l’omnipotence de la propagande que l’on peut parler de fascisme et en mesurer la progression à la fois dans les institutions et dans les esprits.
    https://fascismedefrance.blogspot.com/

  • Je n’ai pas d’autres références, désolé cher Jacques, mais « Une journée particulière » (Una giornata particolare), film italo-canadien réalisé par Ettore Scola et sorti en 1977, avec Sophia Loren et Marcello Mastroianni, me semble le mieux approprié à ce que tu écris (?) peut-être, ne suis-je pas à niveau ? salut fraternel, c’est signé sergio

  • Excellent, mais on peut et doit dire que cela date depuis l’accession au pouvoir du PS, ce FN de gouvernement, en 1981, sous la houlette de Tonton la cagoule et pétainiste de toujours, cela s’empire c’est tout

  • Nous sommes le 13 juillet 2021 et ce texte, écrit il y a un peu plus d’un an pourtant, prouve encore plus d’acuité de la part de son auteur. Nous faisons face à un fascisme inédit.
    Mais en 2002, lorsque le FN fut au 2d tour de la Présidentielle, un prof d’histoire d’un lycée, avec lequel j’échangeais sur le fascisme, me dit : nous allons vers un nouveau fascisme, mais ce fascisme, nous ne l’identifierons pas comme tel, nous ne verrons pas de SA dans les rues ni de parades avec des croix gammées : il se présentera comme notre liberté, il sera en quelque sorte invisible. Au fond, cette analyse était profondément juste, même si la forme précise de ce fascisme était imprévisible.
    A l’époque, on parlait encore de la fin du socialisme en URSS et de la fin de la Guerre froide...mais qui pouvait croire que l’unilatéralisme amènerait la paix ? En 14/18, pas de guerre froide et "le capitalisme porte en lui la guerre, comme la nuée, l’orage" ( Jaurès)... ce qu’on pourrait paraphraser ainsi : "le capitalisme porte en lui le fascisme comme la nuée, l’orage".
    D’ailleurs, avec un autre collègue, je discutai sur le bandérisme, Gehlen, l’OUN...bien avant le Maïdan et les massacres d’Odessa. J’avais lu jadis le livre d’Alain Guérin, mais personne ne connaissait ça ici.

    A mon sens, cette renaissance du fascisme est une conséquence aussi de la fin de l’URSS : rien ne réfrène le capitalisme, dont les crises ne sont d’ailleurs pas liées à la coexistence de son ennemi juré le socialisme : la Crise de 29 n’a aucun lien avec l’URSS, et ses premières crises datent du 19ème s. On peut aussi noter a contrario dans le socialisme l’absence de crises cycliques ( les difficultés sont aussi provoquées par les sanctions économiques, mais ne sont pas de la même nature qu’en société capitaliste). Les menaces fascistes en Ukraine, par exemple sont alimentées par l’extérieur (comme tous ces Maïdans... ) pour abattre un Etat, tandis qu’en régime capitaliste, il s’agit de le maintenir de l’intérieur.
    Je me rappelle aussi ces manifs réprimées de façon particulièrement violentes et nouvelles ( avec le nassage) sous Hollande, comme si l’Etat capitaliste s’entraînait à maîtriser des révoltes de masse, alors qu’il ne s’agissait que de manifs pacifiques et syndicales. C’est ainsi que je le voyais. Toutefois, pas de révoltes massives pour le moment. Au contraire ! Néanmoins, au vu des décisions et menaces politiques graves prises, on y vient peut-être.

    Je suis convaincu que ce pilotage à vu par le Pouvoir est en fait la réalisation d’un projet de répression sans limite, dont l’avancée est décidée en fonction des résultats de sondages non publiés du MI. Si le crime est consenti dans un contexte donné, à certaines conditions, alors il se fera pour accomplir ce projet de nouveau fascisme.

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