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Jusqu’où ira Macron ?

lundi 15 avril 2024, par Jacques COTTA

Nous vivons un paradoxe pour le moins surprenant :

— D’une part le président de la République Emmanuel Macron, son gouvernement et sa majorité sont ultra minoritaires dans le pays.

— D’autre part jamais une politique aussi agressive et violente dans tous les domaines de la vie courante n’a été engagée contre le peuple français.

Là où on aurait pu croire que l’exécutif privilégierait la discrétion pour passer en douceur, il affiche son arrogance désignant par exemple les chômeurs comme responsables du déficit et comme cible privilégiée pour réaliser des économies.

Derrière l’indemnisation chômage qui concerne des millions de citoyens, se trouve l’ensemble des allocations passées au crible, rognées, réduites au détriment de ceux qui en ont le plus besoin. Et en fin de course, c’est la sécurité sociale elle-même qui se trouve dans le collimateur, le droit et la possibilité de se soigner la encore pour des millions et millions de français.

Dés lors, une seule question se pose : Comment Macron peut-il opérer de la sorte ? Où trouve t’il les forces et les moyens pour imposer ses vues, celles qui défendent les intérêts du capital financier, à toute la société ?

Comment peut-il aujourd’hui affronter le statut de la fonction publique, les bases mêmes des fondations de l’état ? Comment peut-il simplement, benoitement annoncer par ministre interposé sa volonté de licencier les fonctionnaires ? Lesquels d’ailleurs ? Les policiers ? Les enseignants ? Les hospitaliers ? Les fonctionnaires d’état, de la fonction publique, des collectivités ? Comment peut-il annoncer ainsi son objectif de détruire la Nation, tout simplement ?

La timidité des réactions s’opposant à une telle orientation est une réponse en soi.

La force de Macron réside dans son opposition, dans ses oppositions plus exactement. En réalité sa politique ne choque que dans les discours. Pour le reste tout le monde semble d’accord avec son orientation générale, au point de jouer le jeu des institutions en se montrant plus préoccupé par l’échéance électorale européenne que par la vie quotidienne des français.

— Pour le RN, il s’agit de s’affirmer dans les européennes comme la première force politique du pays, plus que d’affronter la nature de l’Europe dont il n’est pas plus question de sortir que de remettre en cause l’euro et les institutions. Le RN réussira sans doute son pari, apparaissant comme le vote possible pour exprimer le rejet de l’UE qu’il se propose pourtant de respecter.

— Pour LFI, la course se joue avec Glucksmann, le candidat socialiste, pour savoir qui sortira vainqueur à gauche en ne représentant qu’une force marginale réduite à sa plus simple expression. Et là encore en respectant le cadre qui nie la souveraineté nationale et la nation elle-même.

L’Union européenne représente aux yeux du président de la République l’institution indispensable à la destruction de la nation et à la confiscation de la souveraineté populaire au profit de ce qu’il nomme « la souveraineté européenne ». Tout le monde accepte ce cadre.

L’Union européenne, à la veille des élections au parlement, se révèle être l’obsession générale de toutes les forces politiques françaises, qui chacune à sa façon se propose soit d’appuyer la politique qui y est dictée, soit de la modifier de l’intérieur, comme si l’expérience Tsipras n’avait jamais existé.

Alexis Tsipras, véritable catastrophe pour le peuple grec, a au moins eu le mérite d’avoir démontré grandeur nature que l’Union européenne est irréformable de l’intérieur. Quelle autre solution dés lors que d’en sortir au plus vite pour recouvrer sa propre souveraineté ?

Jacques Cotta
Le 15 avril 2024

Messages

  • Bonjour M.Cotta, vousne mentionnez pas que seul l’UPR veut sortir de l’UE, ainsi que de l’euro et de l’OTAN ? Je n’adhère pas à ses idées, mais le fait de ne pas le mentionner est une erreur. Si effectivement aucun des partis cités dans votre texte et vos arguments nous sont communes, cet "oubli" me paraît être une erreur ? Les ennemis de nos ennemis peuvent en certaines circonstances être nos "amis". Frédéric Lordon a aussi fait une analyse de l’Europe et de l’euro, qui me semble être intéressante.
    Ceci n’est en aucune manière être un désaveux de votre analyse, mais restons précis. Appréciant vos publications et connaissant votre "objectivité", si toutefois on peut l’être ? , je vais me permettre d’afficher votre publication sur notre panneau d’affichage public. Amitiés. Janek.

    • Bonjour,
      Je prends bonne note de votre message. Il ne s’agit pas d’un "oubli" mais de la volonté de n’aborder que les partis qui prétendent au pouvoir, ce qui sans doute est une erreur et réducteur. Cela étant :
      1/ L’UPR n’est pas seul à vouloir sortir de l’UE. Le POID par exemple qui veut présenter une liste a la même volonté. Et sans doute d’autres, à la marge de la marge.
      2/ Pour ce qui est de l’UPR, les choses sont visiblement plus compliquées qu’il le parait. Nous avons envoyé à L’UPR notre pétition "sortir de l’Europe" qui a recueilli plus de 5000 signatures. Nous n’avons même pas eu d’accusé de réception. Ce qui dénote soit un fonctionnement d’un sectarisme coupable, soit un désintérêt pour le fond...
      J’en profite pour réitérer notre proposition à Asselineau comme à d’autres de prendre en charge ce texte, le faire leur, et unir tous les efforts pour la sortie de l’UE...
      Amitiés

  • Bonjour,
    comme l’a si bien dit Étienne Chouard :
    "Macron est un agent de l’étranger en mission pour détruire le pays.
    Hors de cette hypothèse, tout ce qu’il fait est absurde, incompréhensible.
    Avec cette hypothèse, tout s’éclaire et devient logique, criminel mais logique."
    Quant aux "oppositions", bien que majoritaires à l’assemblée nationale, elles se débrouillent toujours pour éviter soigneusement de le mettre en difficulté. Pire, les 3/4 de ses prétendus "opposants" appellent régulièrement (2017 et 2022), directement (Droite, PS, PCF, etc.) ou indirectement (LFI), leurs électeurs à voter pour lui au second tour pour l’installer et ensuite le maintenir à l’Élysée !
    La véritable raison en est la suivante et pour la dire je vais citer Philippe Seguin : "La droite et la gauche sont deux détaillants qui ont le même grossiste, l’Europe."
    PS : Presque rien à voir avec ce qui précède, pourquoi ne citez-vous jamais les analyses de François Asselineau quand vous parlez de l’UE ou de souveraineté nationale ?

  • Jean Paul,
    Je suis évidemment d’accord sur "droite et gauche, détaillants de l’UE...".
    Pour Asselineau, non seulement nous ne désirons pas l’occulter, mais nous nous sommes même adressés à lui sans obtenir de réponse...
    Voir ma réponse précédente à Konieczka.
    Amitiés

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