Redresser l’école !
L’école dans notre pays est en mauvais état. Au fil des années et des prétendues réformes qui se sont accumulées sur la tête des élèves et des professeurs, la France a dévissé dans tous les classements internationaux : qu’il s’agisse de la lecture, de la compréhension de la langue maternelle ou des mathématiques, les petits Français sont maintenant trop souvent en queue de peloton des grandes nations.
Et pourtant, on ne relèvera aucun des grands défis auxquels nous sommes confrontés sans l’école. On dénonce le séparatisme, le communautarisme ou les dangers que court la laïcité. Mais c’est l’école qui fabrique une nation, qui fabrique un langage commun, une culture commune des références communes ! Refaire la France, ça commence là ! En instruisant, l’école forme aussi des femmes et des hommes qui pourront acquérir la compétence professionnelle nécessaire au redressement des capacités productives de notre pays.
De quoi souffre l’école ? Elle souffre du mépris en lequel elle est trop souvent tenue : les professeurs ne savent plus s’ils sont là pour instruire, transmettre des savoirs à valeur objective ou pour suivre les dernières modes du moment et remplacer le savoir par le bavardage. Remonter l’école, c’est d’abord restaurer l’autorité des professeurs, rendre le métier attractif (y compris financièrement) pour recruter les meilleurs parmi les étudiants ou plus largement tous ceux qui seraient tentés par cette vocation. Remonter l’école, c’est permettre qu’elle se concentre sur sa mission première : instruire ! Les parents doivent éduquer, en premier lieu, et l’école, en premier lieu transmet des savoirs.
De quoi avons-nous besoin ? D’une école de base solide et exigeante. Baisser les exigences, c’est priver les enfants défavorisés de toute possibilité de s’élever et à l’école, les élèves sont là pour s’élever. Maîtrise de la lecture, de l’écriture, les deux allant de pair, il ne faut pas céder là-dessus. Car lire et écrire, c’est accéder au savoir, aux livres, à notre culture classique, scientifique ou technique. C’est aussi apprendre à compter, car apprendre à compter c’est comprendre les mécanismes du calcul et ainsi apprendre à devenir plus tard le maître des machines et non leur serviteur.
L’école de base doit aussi transmettre la culture de notre pays et en particulier sa riche culture littéraire. Les petits Français doivent aussi apprendre leur histoire et leur géographie, parce que c’est seulement ainsi qu’ils pourront partager cette communauté de vie et de destin qui fait une nation. Et pour s’ouvrir au monde, il faut savoir qui on est.
Au-delà de l’école de base, il faut mettre fin à l’école supermarché où chacun se sert dans les rayons qui de sa spécialité, qui de son option. Refaire des filières et reconstruire des classes. L’éclatement des classes promu par Blanquer empêche les élèves de s’entraider et les professeurs de suivre leurs élèves. Il faut refaire des filières et remonter un enseignement solide des humanités classiques autant qu’un enseignement scientifique cohérent.
On doit aussi, dans le même temps promouvoir un enseignement professionnel de qualité : un mécanicien, un plombier, un travailleur du bâtiment, voilà des métiers qui exigent une grande qualification professionnelle, encore bien plus aujourd’hui qu’hier. L’école, complétée par l’apprentissage a tout son rôle à jouer. On redonnera ainsi aux travailleurs leur dignité et à notre pays ce dont il a besoin pour produire chez nous.
Le but : redonner au baccalauréat sa valeur de premier grade universitaire, ouvrant donc la voie à l’accès à l’Université sans être brinquebalé dans les arcanes de l’obscur système de « Parcours sup ». À l’université, la première année devrait être encore une année de détermination (comme l’était la propédeutique). On permettrait ainsi un choix de spécialisation plus raisonné et on limiterait cet échec en première année, si coûteux pour les étudiants et pour le pays.
Remonter l’école avec la France : la grande œuvre de la République fut jadis l’école, où officiaient les « hussards noirs » de la République, ces maîtres qui ont tant contribué à la vie de la nation. En ce début du XXIe siècle, c’est cette tâche qu’il faut reprendre dans des conditions nouvelles et face à des défis encore plus difficiles. C’est ce qui justifie le soutien sans réserve que j’apporte à la proposition d’Arnaud Montebourg de refaire des écoles normales et de revenir au pré-recrutement des professeurs.