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LGBTQQIAA+… ou la dissolution des droits humains

vendredi 9 juin 2023, par Denis COLLIN

Pas très nombreux, mais fort bruyants, bien implantés dans les médias et « le monde de la culture », influents à l’Université par leur capacité à terroriser les professeurs, les mouvements LGBTQQIAA+ réclament urbi et orbi leurs « droits » et l’essentiel de la « gauche », une bonne partie de la droite et du centre de s’incliner, au mépris de l’opinion du peuple. De quels droits peut-il s’agir pour ces mouvements aux multiples sous-divisions dans lesquelles on se perd très vite ?

Faisons d’abord l’inventaire. Lesbiennes et Gays (LG) n’ont plus rien à réclamer depuis que les dernières lois réprimant l’homosexualité ont été abolies qu’a été institué le « mariage pour tous » et l’insémination artificielle à la demande. En ce qui concerne les « Bi » (B), on est renvoyé au cas précédent. Être « à voile et à vapeur » est d’ailleurs une conduite fort ancienne ! On voit mal les « Bi » réclamer le mariage « Bi », car des « Bi » ne peuvent former un couple, mais seulement un « trouple ». Notons qu’avec les mêmes raisons que celles qui furent invoquées pour le mariage homosexuel, on devrait accepter les « trouples » et par la même occasion la polygamie… Est-ce là la secrète connivence qui relie les LGBT… aux très puritains islamistes. En ce qui concerne les Trans (T) la revendication principale n’est pas celle de réaliser des opérations de « réassignation de genre » (ablation des parties génitales et greffe par toutes sortes de moyens d’artefacts imitant grossièrement le sexe auquel on veut se rattacher), puisque, d’abord ces opérations sont possibles et pratiquées depuis longtemps pour les hermaphrodites, et ensuite il ne s’agit pas changer de genre, mais bien de changer de sexe au sens strict. Le changement de genre, tel qu’il est déjà en vigueur dans certains pays comme l’Espagne et tel que veulent l’imposer les LFI est tout simplement la liquidation pure et simple de l’état civil : car si on peut modifier son « genre » selon sa volonté, pourquoi ne pourrait pas modifier les autres éléments de l’état civil. On peut très bien se sentir mal d’être né de tel ou tel parent, on peut ne pas aimer sa date de naissance (par exemple l’avancer de deux ans pour échapper aux conséquences de la réforme des retraites !) On reviendra sur cette affaire, tellement elle est grave, minant tous les fondements de civilité et permet de classer ses promoteurs au mieux comme des démagogues irresponsables, au pire comme des organisateurs conscients de la dislocation de toute forme d’organisation sociale. En ce qui concerne les autres, les choses sont très simples : ils n’ont absolument rien à demander. Les queers (Q) ne sont victimes d’aucune discrimination, puisque tout le monde peut faire sa folle quand ça lui chante. Les indécis (I) ne peuvent rien demander puisqu’ils sont indécis. Les asexuels peuvent se faire moines et moinesses s’ils le veulent — on embauche dans ce secteur. J’ai dû en oublier. Parfois dans la liste on voit apparaître les autosexuels, adeptes exclusifs du plaisir solitaire qui ne peuvent revendiquer de se marier avec eux-mêmes. Bref, l’ensemble de ces prétendus droits n’est que farce, sans doute sortie de la tête d’un Alfred Jarry ou d’un Ionesco. Mais, en l’occurrence, c’est une très mauvaise farce.

On devrait ajouter que ces droits se contredisent. Plusieurs auteurs ont montré que les « droits » des trans s’opposent aux droits des femmes et à ceux des lesbiennes en particulier. Les homosexuels revendiquent qu’on ne vienne pas leur chercher des noises au motif qu’ils préfèrent vivre et partager leur couche avec des individus du même sexe qu’eux. Chose qui semble pratiquement aussi vieille que l’humanité.

Sérieusement, voilà déjà longtemps que Freud et quelques autres ont réfléchi sur la bisexualité fondamentale de l’être humain, une situation déjà connue des rédacteurs de la Bible, puisque la Genèse indique que Dieu a créé l’homme « homme et femme »… C’est Paul (Galates) qui indique que pour ceux qui entrent dans la communauté du Christ, il n’y a plus ni homme ni femme… Le désir homosexuel est une évidence et seuls les menteurs ou les gens de mauvaise foi peuvent le nier. Les fluctuations de l’âme entre la partie masculine et la partie féminine de chacun d’entre nous sont également bien « documentées » tant dans la littérature qu’en psychologie. Ces malaises peuvent tourner à la névrose et comme pour toutes les névroses on peut essayer de les soigner ou s’accoutumer à vivre avec. Les H (hystériques) ne font pas partie de la liste ni les dépressifs. Quant au déni du réel, il est la marque classique non plus de la névrose, mais de la psychose.

En vérité, il n’y a nul droit des LGBTQQIAA+ à revendiquer. Les individus qui se veulent à tout prix rentrer dans l’une de ces cases disposent sans réserve des droits de l’homme, garantis par la constitution et par les accords internationaux que la France a signés. Ces droits de l’homme incluent le droit de disposer de son corps (sans automutilation médicalement assistée !) et de s’envoyer en l’air selon ses goûts du moment ou selon sa propre complexion, évidemment en respectant les règles de base, notamment le respect de l’intégrité de son ou ses partenaires et les lois régissant la protection des mineurs. Mais que je sache on n’a pas encore intégré les sadiques (S) ni les masochistes (M) dans l’alphabet LGBTQQIAA+. Quant aux pédérastes, après avoir eu leur moment de gloire dans les années 1970-1980, ils sont voués aujourd’hui aux gémonies. Les droits revendiqués par ces prétendues minorités sexuelles ne sont que des calembredaines qui devraient être tenues pour telles par tout homme politique digne de ce nom.

Que sont donc ces mouvements LGBTQQIAA+ ? Les manifestations d’un « progrès » inéluctable ? Sûrement pas. Les manifestations de la décomposition et de la pourriture de la société capitaliste avancée, trop avancée comme on dit d’un fromage qui commence à grouiller de vers. Que les classes dominantes encouragent ces mouvements ce n’est pas vraiment étonnant. Le capital a besoin de consommateurs indifférenciés, « d’hommes sans qualités », à qui on pourra vendre toute une camelote de produits dérivés. Il a besoin de vendre de la pharmacie et de la chirurgie, du bricolage « médical » si utile pour avancer dans la « fabrique des humains », c’est-à-dire vers la réification totale. Le capital a besoin d’une société d’où la décence commune a été éradiquée, une société majoritairement constituée d’une plèbe gavée de jeux et de distractions à bas coût. Les mouvements bruyants qui incarnent des prétendues revendications et les politiciens qui les appuient font partie de dispositif au service de la survie du capital. Ni plus ni moins.

9 juin 2023