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Ce qui serait urgent

Contribution de Luc Tinseau

lundi 4 mai 2020, par LA SOCIALE

Luc Tinseau, instituteur, militant de la Convention puis du Parti Socialiste refondé à Epinay en 1972, ancien premier secrétaire du PS de l’Eure, ancien député, premier adjoint au maire d’Evreux pendant plusieurs mandats, un temps adhérent au Mouvement des Citoyens (fondé en 1993 par Jean-Pierre Chevènement) nous a fait parvenir sa contribution à la suite de l’article publié dans "La Sociale", Il faut un parti nouveau. Nous lui donnons bien volontiers la parole.

Luc Tinseau : Cette contribution au débat, à la réflexion collective est celle d’un homme de 80 ans ayant un peu d’expérience politique, qui a toujours vécu « à gauche » et qui sait, s’il peut savoir, que seule l’union de toutes les forces progressistes peut permettre un arrêt du démantèlement actuel de la République et un accès possible au pouvoir.

Donc, ces propositions dont l’ordre importe relèvent de deux actes différents, celles pouvant être prises par décrets et celles qui relèvent du pouvoir législatif. Enfin, je ne parle pas l’Europe, ce thème relève d’un débat et de réflexions beaucoup plus approfondies que ces quelques lignes.
Alors, jouons le jeu : si demain matin, j’étais Président de la République ;
En préalable, je proclamerais la dissolution de l’Assemblée nationale puis nous déciderions :
1-le rétablissement de l’ISF et la mise en chantier d’une réforme fiscale où tout revenu supérieur à 20 000 euros par mois serait taxé à hauteur de 80 %.
2— Arrêt immédiat de la réforme des retraites et de l’assurance chômage.
3- Renationalisation des autoroutes
4— Augmentation de 100 euros par mois du minimum vieillesse (je ne parle pas du SMIC qui nécessitera une négociation avec l’ensemble des partenaires sociaux)
5— Ouverture d’un grand chantier concernant la santé et la protection sociale de nos concitoyens. Ce travail ne pourra se faire qu’en partenariat avec le personnel de santé (hospitaliers, libéraux, infirmiers…) Ainsi qu’avec la région partenaire de par la loi de décentralisation.
6— Redéfinir le service public. Le travail des chantiers (EDF, SNCF, et autres) n’est pas le même que celui des fonctionnaires de l’État, de l’éducation nationale, des services hospitaliers.
7— Lancer conjointement avec les régions un grand chantier de la formation professionnelle, et ce dans tous les domaines privés et publics.
8— doubler ou tripler le nombre de places à l’école de la magistrature afin d’avoir une justice plus rapide et plus efficace
9— Redonner toute leur place aux contrôleurs et aux inspecteurs du travail et des finances
10— Rebâtir l’école en commençant par les fondations (maternelle, élémentaire…) et mettre sur pied des programmes qui ne changent pas tous les matins.
Ce sont certainement des idées de « l » ancien temps », qui n’ont rien de révolutionnaire. L’expérience et ma petite connaissance de l’Histoire du monde m’ont appris que les excès en toutes choses se retournent toujours contre le peuple. Je ne crois pas au grand soir. Avançons à petits, mais fermement, ne décevons pas le peuple, réalisons ce que nous promettons. N’oublions pas que nous avons contre nous toutes les forces réactionnaires dotées de forces et d’outils qu’ils savent utiliser contre ceux qui pourraient s’opposer à eux.

Messages

  • Ces propositions sont très généreuses mais impossible à réaliser dans le cadre contraignant européen. La gauche a toujours confondu valeurs universelles et supranationalite. Et pourquoi n’a telle pas réalisée ces propositions lorsqu’elle a été au pouvoir ?

  • Je partage le raisonnement sur « le grand soir »
    Laissons cela aux utopistes qui rêvent depuis plus d’un siècle, dans l’ignorance de ce qu’est réellement une partie non négligeable de la classe ouvrière qui d’ailleurs refuse d’être classée ainsi.
    Tant qu’il y aura des zozos hystérisés dans des stades applaudissant à tout rompre, torse nu hiver comme été, d’autres zozos déguisés en footballeurs mais gagnant en 6 mois ce que leurs admirateurs ont du mal à gagner dans une vie, le grand soir sera hors de portée.
    Tant que ces zozos hystérisés n’auront pas compris que leurs « Dieux du stade », sont financés par des dictatures du Moyen-Orient qui exploitent pour construire leurs propres arènes sportives, de la main d’œuvre déportée d’autres dictatures, le grand soir sera hors de portée.
    Tant que ces zozos hystérisés fermeront les yeux sur la pratique de ces mâles moyen-orientaux considérant que la femme est faite exclusivement pour les servir, en les confinant du soir au matin, 365 jours sur 365 de la tête aux pieds ensevelies d’une étoffe noire, le grand soir ne sera pas pour demain.
    Tant que des zozos écervelés préféreront commercer en ligne en passant par le négrier « Amazon » au lieu d’acheter un livre chez le libraire du centre-ville, le grand soir sera inatteignable.
    Et c’est un footeux qui s’exprime.
    Mais le footeux est aussi retraité de La Poste qui n’oublie pas la trahison du Parti Socialiste et de quelques compagnons de route, sacrifiant fin des années 80 les PTT sur l’autel de la concurrence libre et non faussée. Je n’oublie pas que c’est au cours du deuxième septennat de Mitterrand, avec Rocard à Matignon et Quilès Avenue de Ségur (Ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Espace) qui avec le concours d’un Parlement aux ordres ont extirpé cette belle Administration des PTT de la Fonction Publique d’Etat pour en faire deux entreprises publiques La Poste et France Télécom devenue « Orange »
    Le résultat prévisible fait que, concurrence oblige avec Free, entre autres, les agences commerciales Orange disparaissent l’une après l’autre, il en reste 5 dans l’Eure. De son côté La Poste se déleste de ses bureaux qualifiés de non rentables pour les concéder, généreusement, tantôt à la commune, tantôt aux commerçants. Dans ma ville (Sous-préfecture de 11000 habitants) le bureau de Poste traditionnel du centre-ville ne garde plus en instance les colis, il faut se rendre sur la zone dite d’activité à 2 kms.
    Puis, cette réforme en a initié d’autres.
    En 2006, le sieur Raffarin à l’époque où il occupait Matignon, avant de devenir lobbyiste du modèle chinois, avait fait exploser le beau Ministère de l’Equipement. Le résultat est que désormais pour les moindres travaux à réaliser, les collectivités locales doivent recourir à des cabinets privés, avec monnaie sonnante et trébuchante.
    En matière de finances, les lois de la République garantes de l’intégrité séparaient scrupuleusement l’ordonnateur (les Impôts) du comptable (le Trésor Public) Pour des raisons d’économies, cette garantie a volé en éclat, pour laisser place aux « Finances Publiques » avec pour corollaire la fermeture des Trésoreries rurales.
    L’un après l’autre, les gouvernements s’engouffrent dans la brèche, l’actuel a initié le prélèvement à la source. L’étape prochaine sera la suppression des tranches, remplacées par un pourcentage unique. Gageons que dans cette affaire les hauts revenus n’y perdront pas. Dans l’Education Nationale on recrute par Pôle Emploi, quand ce n’est pas par « Le bon coin » etc… etc…
    On pourrait croire que le saccage des PTT n’était qu’une vieille erreur du Parti Socialiste. Hélas, rien n’est moins sûr. Préparant les élections municipales du 15 mars dernier pour ma ville Sous-préfecture, le Premier secrétaire de la Fédération de l’Eure du PS n’a rien trouvé de mieux que d’appeler publiquement ses ouailles, ou ce qu’il en reste, à rejoindre une candidate (Sans Etiquette) en réalité Les Républicains, mais ne voulant plus s’afficher comme telle depuis l’affaire Fillon.
    Pour conclure, je partage l’idée selon laquelle rien n’est possible avec le Traité de Rome et ceux qui ont suivi.
    Quels que soient les objectifs, la priorité doit être donnée impérativement à la question européenne et symboliquement à la monnaie unique. Mais il faudra convaincre la population du carcan que représente l’euro. Or, le peuple ne voit dans cette affaire que le côté, qu’il considère positif, de se déplacer à l’étranger sans avoir à changer de monnaie !
    Un vrai travail pédagogique devra être réalisé.
    Cet obstacle levé, prendre comme base le CNR est réalisable parce que raisonnable dans les circonstances du moment, je dis bien du moment.
    Par contre, je ne pense pas qu’il faille se donner des objectifs électoraux aussi proches.
    Selon moi, il faut d’abord infuser sur le terrain les idées d’une République sociale et laïque, car sans la volonté du peuple et son soutien, rien ne sera possible.
    Voilà pourquoi, je renouvelle l’idée de création de Bourses départementales d’éducation populaire.

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